1837. République du Texas. Alors qu’il raccompagne à sa porte les héritiers des héros Travis et Crockett, le président Sam Houston est surpris par un visiteur inattendu, un homme revenu d’entre les morts qui lui rappelle un passé plutôt gênant. Partagé entre la crainte et la curiosité, Sam Houston accepte de discuter avec ce personnage qui, à son gout, en sait beaucoup trop, et découvrir ce qu’il s’est réellement passé derrière les murailles d’Alamo

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J’aime beaucoup les œuvres de la collection 1800, aux éditions Soleil. En général, elles se présentent sous la forme de diptyques qui ont pour sujets des relectures assez originales des grands classiques du fantastique et de la SF (Jules Verne, Mary Shelley, R.L. Stevenson…) Dans ces albums, des auteurs prestigieux s’amusent à mélanger les genres et les styles pour mettre en forme des histoires riches en références et en clins d’œil. Alamo suit la même démarche. Avec une petite différence : l’absence totale de fantastique dans son intrigue.

Alamo nous invite à suivre l’histoire de Louis Rose, un tueur à gage aux ancêtres français qui se voit confier par le futur libérateur du Texas une mission des plus ignobles. Son but est de s’assurer que le lieutenant-colonel Travis et le député David Crockett – eux hommes que Houston considèrent comme des rivaux politiques dangereux – ne ressortent pas vivant de la place fortifiée assiégée par l’armée de Santa Anna. A cette occasion, le dessinateur Dobbs nous dressent des portraits peu flatteurs de ces héros qui ont construit l’Amérique (à un tel point qu’il pourrait être interdit de séjour au Texas). Jim Bowie est une brute cupide et sans scrupule ; David crockett, un héros certes, mais aux méthodes parfois peu nobles ; Sam Houston, un politicien amoureux de son pays mais avide de pouvoir et de reconnaissance (il se sert du désastre d’Alamo pour rallier les Texans à SA cause. Seul le colonel Travis est présenté comme un homme intègre, mais aussi cruellement naïf.

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Les deux tomes s’attardent surtout à nous décrire la vie à l’intérieur de fort Alamo (le premier tome introduit les principaux personnages), avant l’assaut des Mexicains, qui est exposé en moins d’une dizaine de planches. Dobbs s’attarde sur ses personnages, développe des relations entre eux et l’étrange Louis Rose, tout en restant très proche de la version « officielle » racontée par les quelques survivants. Un récit sobre et réaliste qui s’appuie plus sur les rapports entre les différents protagonistes (aux portraits finement dressés) que sur le spectaculaire. – ce que regretteront surement les amateurs d’action. Cependant, quand il est besoin de faire dans ce domaine, le dessinateur Darko Perovic, au trait réaliste très efficace, nous offre quelques superbes cases guerrières où l’horreur de ces affrontements du XIX° siècle exposent toute leur démesure.

Au final, même si l’on connait par cœur l’histoire des héros d’Alamo qui se sont sacrifiés pour la liberté du Texas, l’œuvre de Dobbs et Perovic se laisse suivre avec plaisir, notamment pour découvrir les détails de la « petite histoire » concoctée par le scénariste. L’efficacité du trait de Perovic achèvent de faire d’Alamo une œuvre réussie.

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Ma côte : 4/5

Alamo, BD en deux tomes aux éditions Soleil

Genre: Histoire-fiction

Tome 1, En première ligne (avril 2011)
Scénario : Dobbs
Dessins : Fabio Pezzi & Darko Perovic
Couleurs : Simon Quemener
Couverture : Gérald Parel
Prix indicatif : 13,95€
Tome 2, Une aube rouge (avril 2012)
Scénario : Dobbs
Dessins : Darko Perovic
Couleurs : Simon Quemener
Couverture : Gérald Parel
Prix indicatif : 13,95€