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Son identité dissimulée sous une perruque blonde, et se présentant sous le nom de Lycisca (la louve), Messaline, femme de l’empereur Claude, tente de satisfaire son insatiable appétit sexuel en se prostituant dans les bas-fonds de Rome. Ambitieuse, elle use de son influence sur son faible et impérial époux pour acquérir encore plus de biens et de confort. Mais Messaline commence aussi à effrayer l’ordre des Filles de Lilith, cette secte féministe qui l’a placée dans le lit de Claude, et attirer l’attention des membres de la Confrérie des Loups, ennemis héréditaires des Succubes

Messaline est le quatrième album de la série Succubes. Apres nous avoir conté les histoires d’Eanna, Camilla et Roxelane, trois femmes fortes œuvrant en secret pour la pérennité de l’ordre de Filles de Lilith, le scénariste Thomas Mosdi se penche ici sur Messaline, véritable incarnation de la décadence de l’Empire romain, dont le nom apparaît aujourd’hui comme synonyme de luxure et de perversité (avec ses contemporains Caligula, Néron et Agrippine). Pour ce nouvel opus, Thomas Mosdi, disposant d’une confortable documentation, nous propose un récit plus riche en éléments et faits historiques, ce qui n’est pas pour me déplaire. Tout juste introduit-il (de manière un peu forcée) cette lutte secrète entre les deux ordres occultes servant de fil rouge à la série.

Messaline compose donc une « tranche de vie » du Haut Empire Romain. Un empire au sommet de sa gloire, qui s’est assuré une belle stabilité sur ses frontières. Mais derrière cette séduisante Pax Romana, on découvre une vérité nettement moins séduisante, une ville de Rome pourrie de l’intérieur par des impitoyables luttes pour le pouvoir, entre membres de la même famille, la dynastie des Julio-Claudiens. Puisant dans ce creuset d’intrigues, Thomas Mosdi nous dresse des portraits peu flatteurs (mais fidèles) de ces grandes personnalités de Rome, et recrée un environnement respectant au mieux les faits historiques. Et s’il nous dévoile une Messaline nymphomane, cruelle et avide de pouvoir, il n’oublie pas de proposer une justification à son attitude, qui se trouve en grande partie dans un mélange de haine et de jalousie envers le sexe opposé. En fait, dans une société romaine libertine dominée par les hommes, Messaline tente de s’imposer à la manière des hommes. Mais, bien qu’elle tente de le nier par ses actes, elle reste une femme en quête du véritable amour. Ce qui causera sa perte.

Pour ce qui est du style graphique, Marco Dominici nous propose un spectacle aux traits réalistes efficaces et revendique de belle manière l’aspect érotique du récit par de nombreux passages mettant en scène sexe et nudité. Plutôt à l’aise quand il s’agit de coucher sur le papier les corps dénudés de magnifiques jeunes femmes et de beaux éphèbes, il est cependant moins performant dans la représentation des visages, qui sont parfois disgracieux (voire laids) et pas toujours reconnaissables à premier coup d’œil. Par contre, pour ce qui est de la mise en case, rien à reprocher, l’on est devant le fruit d’un travail bien réfléchi, très classique, et le rythme de lecture est en conséquence fluide et agréable. A noter une mise en couleur correcte mais manquant un peu de nuances.

Plus « historique » que les précédents albums, ce quatrième opus de la série Succubes privilégie l’intrigue sur l’action puisqu’il nous amène au cœur du palais de Claude et dans les maisons de plaisir de la ville de Rome. Un album sympathique, assez proche, dans l’esprit, des peplums « coquins » de Tinto Brass et Antonio Passalia, avec un soupçon d’ésotérisme en sus (histoire que l’album puisse entrer dans la série).

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Ma côte : 3,5/5

Succubes, tome 4 – Messaline
Une bande dessinée de Thomas Mosdi et Marco Dominici
Couleurs de Marta Martinez
Aux éditions Soleil – Collection Secrets du Vatican
Mars 2014
Prix conseillé : 13,95€