Si l’année 2014 a été marquée par les cérémonies du soixante-dixième anniversaire du débarquement allié en Normandie, elle est aussi le soixantième anniversaire d’un événement nettement moins glorieux: celui de la chute du camp retranché de Diên Biên Phu.
Le 7 mai 1954, près d’une petite ville située à la frontière du Laos, après six mois de siège, la garnison française, commandée par le général Christian de Castrie déposait les armes devant l’armée vietminh du général Giap. En France, comme dans le monde, la stupéfaction fut générale. Pour la première fois de l’Histoire, une force majeure occidentale était défaite par des forces insurrectionnelles autochtones. Désormais, plus rien ne sera jamais pareil. La France, dont l’image auprès de la communauté internationale n’était déjà pas très folichonne, est humiliée et perd définitivement son statut de puissance majeure. Mais, ça, c’est pour la politique. Que dire des 11,000 prisonniers de Diên Biên Phu, traînés dans les camp de redressement, qui vécurent un deuxième enfer, et donc seulement moins de 3,000 revirent la France?
Ce petit documentaire d’une vingtaine de minutes, produit par History Channel en 1998, dresse un rapide récapitulatif des événements qui ont conduit au désastre de Diên Biên Phu, et s’attarde, dans sa deuxième moitié, à nous faire un descriptif du champ de bataille et des affrontements. Ici, principale victime de ce format court, le général Navarre est désigné comme l’unique responsable. Accusé de manque de clairvoyance et d’excès de confiance, il y est sacrément molesté, alors que de Castrie conserve son statut de héros malheureux. Si, vu dans son ensemble, le jugement est loin d’être totalement erroné (Navarre, c’est vrai, a commis de grosses erreurs), la vérité est toutefois un peu plus complexe, et le traitement aurait mérité plus de nuances. Malgré tout, ce documentaire, très agréable à suivre et fort en images d’archive, n’est pas sans intérêt, et est l’occasion de découvrir (ou de se remettre en mémoire) ce conflit qui, pendant longtemps, fut considéré comme un épisode honteux (donc volontairement oublié) de l’Histoire de France.
Petits conseils bibliographiques
Diên Biên Phu, de Paul Langlais, France Empire 1963
Epervier – Le 8e Choc à Diên Biên Phu, de Henri Le Mire, Albin Michel 1988
Une femme à Diên Biên Phu, de Geneviève Galard, Les Arènes 2003
La guerre d’Indochine, de Jacques Dalloz, Seuil 1987
Les hommes de Diên Biên Phu, de Roger Bruce, Perrin, 2004
Sans oublier bien sûr Diên Biên Phu, l’excellent film de Pierre Schoendoerffer.