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Son public étant très demandeur, le cinéma russe est surement le plus prolifique du monde en matière de films historiques, et ce quelque soit la période. Au sein de ce domaine, le film de guerre occupe une place privilégiée. Une mode héritée du communisme qui utilisait comme message de propagande les anciens exploits des peuples slaves. Aujourd’hui encore, il ne se passe pas un mois sans qu’un ambitieux film de guerre sorte dans les salles russes. Un particularisme qui n’est pas pour nous déplaire, nous, amateurs de stratégie et tactique militaire, car cet intérêt des spectateurs de l’Est pour ce type de spectacle compense en grande partie la pauvreté, dans le genre, de la production occidentale. Enfin, du moins, cela quand les distributeurs prennent la peine de mettre sur le marché un DVD ou un Bluray proposant une version sous-titrée, ne serait-ce qu’en anglais (parce qu’en français, c’est encore plus rare). Parmi ces heureux élus, il y a The Star, une œuvre de Nikolay Lebedev, réalisateur que j’ai découvert lors du visionnage de son très réussi Wolfhound, l’ultime guerrier, un film, sorti en 2006, mêlant Histoire et fantasy sorti en 2006. D’ailleurs, le succès de Wolfhound a surement contribué à l’édition du DVD zone 2 de The Star, disponible un an plus tard.

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«Zvezda» (littéralement «Etoiles») est le nom de code utilisé au printemps 1944 par le commandement soviétique pour désigner le groupe d’éclaireurs du lieutenant Travkin, envoyé derrière les lignes allemandes dans le but d’espionner les mouvements et les positions ennemies. Le début de la mission se déroule sans anicroche majeur mais, au fil des jours, la présence de ces soldats d’élite, experts dans l’assassinat et l’infiltration, commence à être devinée par les allemands. L’état-major nazi, qui prépare une contre-attaque surprise, consacre alors de plus en plus de moyens à localiser et éliminer ceux qu’il désigne sous le nom de «grüne geister» (les «fantômes verts») avant qu’ils ne puissent communiquer d’importantes informations au QG soviétique. Traqué en zone ennemie, le commando zvevda se voit menacé d’annihilation.

Le visionnage de The Star révèle une évidence: Nikolay Lebedev est un grand admirateur du cinéma de guerre de l’époque des grands studios hollywoodiens. Tout rappelle dans ce métrage russe au confortable budget les grands classiques américains du genre, auxquels le cinéaste a rajouté ce petit coté mélodramatique propre au cinéma russe – et un brin de poésie (à ce sujet, la séquence où les deux éclaireurs cachés dans un camion sont découverts à cause d’un rayon de soleil est absolument géniale). On se retrouve donc devant un spectacle globalement très classique, que cela soit dans la constitution du groupe – des soldats venus d’horizons différents, voire opposés (le vétéran; le dur à cuire; le bleu; le sino-russe , qui remplace le soldat de couleur; le chef protecteur, etc.), qui se retrouvent camarades de combat, et qui apprennent à s’apprécier -, dans la réalisation – qui alterne entre séquences spectaculaires et pauses intimistes -, dans la construction dramatique, et même dans la bande originale d’Aleksey Rybnikov (l’un des plus réputés compositeurs russes). Mais, attention, cela ne veut pas dire que le spectacle est inintéressant, pas du tout, c’est juste que cela manque de surprise et respire souvent un air de déjà-vu. Par ailleurs, si l’on appréhende The Star en oubliant volontairement toutes ses influences, c’est même un excellent film!

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Bon technicien et narrateur efficace, Nikolay Lebedev nous propose ainsi un film de guerre fabriqué dans la plus pure tradition du genre, avec une succession de séquences spectaculaires et vraiment réalistes (hormis quelques petites incohérences, comme lorsque les SS se lancent stupidement à l’assaut d’une grange où se sont réfugiés les Soviétiques au lieu d’user d’armes lourdes ou de panzerfausts) . Au cours de leur expédition, les membres du commando dévoilent leurs aspects humains, commettent des erreurs, doutent, et font même parfois preuve de cruauté. Une absence de manichéisme qui rend les personnages attachants et l’histoire crédible. A côté de cela, les séquences de combat, même si on peut reprocher un manque d’inventivité dans la réalisation, sont très réussies et riche en figuration et en moyen – on retient notamment l’attaque d’une gare de triage par l’aviation soviétique, une longue séquence avec de superbes vues en plan d’ensemble – et des effets numériques très discrets. Le suspense est également présent, et plutôt bien géré, notamment lors des scènes où les éclaireurs doivent se cacher des patrouilles allemandes. Enfin, le petit coté romantique est introduit et entretenu par la liaison radio entre la jolie Katya et le lieutenant Travkin. Une romance aux fragrances rétro (et un peu mélo) qui nous rappelle que l’on est bien devant un film russe.

Zvezda / The Star est une très agréable production des studios russes qui démontrent encore une fois l’attachement du cinéma de l’Est aux films de guerre. Nikolay Lebedev propose ici un spectacle qui ne révolutionne pas le genre – loin de là! – mais très efficace dans sa réalisation, spectaculaire et fort de personnages attachants.

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Ma côte: 4/5

 

Zvezda / The Star (Russie – 2002)

Un film de Nikolay Lebedev

Scénario de Nikolay Lebedev, Aleksandr Borodyanskiy et Evgeniy Grigorev, d’après une histoire de Emmanuil G. Kazakevich

Avec: Igor Petrenko (Lt. Travkin), Artyom Semakin (Soldat Vorobiev), Aleksey Panin (Sgt. Kostya Mamochkin), Aleksey Kravchenko (Sgt. Anikanov), Anatoliy Gushchin (Soldat Bykov), Amadu Mamadakov (Soldat Temdekov), Yuriy Laguta (Sgt. Brazhnikov), Ekaterina Vulichenko (Soldat Katya Simakova)

Disponible en DVD et BluRay zone 2, aux éditions Nouveaux Picture (GB)
Version russe avec sous-titres anglais.

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