Mai 1945, Hitler est mort, l’armée allemande est en pleine déconfiture. La fin de la guerre est proche. Malgré cela, l’avance fulgurante des alliés vers Berlin ne se fait pas sans risque. Il existe encore de nombreuses poches de résistance occupées par des nazis déterminés car poussés par l’énergie du désespoir et une haine farouche de l’envahisseur. Dans le massif du Harz, les équipages de deux M8 Hellcat vont être chargés de déloger quelques uns de ces trouble-fêtes. Cependant, quand ils arrivent sur les lieux, au lieu d’avoir à affronter une poignée de résistants sans ressource, les américains vont tomber sur un important détachement d’infanterie appuyé par plusieurs panzers…
Troisième film de la série des Saints & Soldiers réalisée par Ryan Little, Saints & Soldiers: le sacrifice des blindés quitte les Pays-Bas (Saints & Soldiers – 2005) et la Provence (Saints & Soldiers : l’honneur des paras – 2012 ) pour le centre de l’Allemagne. Comme c’était déjà le cas pour les deux précédents volets, il s’agit là d’une très modeste production – une habitude pour Ryan Little, qui a travaillé pour Syfy et The Asylum – et, évidemment, cela se voit une nouvelle fois à l’écran. Le réalisateur a beau user des habituels artifices pour masquer le manque de budget, en insistant sur les scènes dialoguées, en introduisant des flashbacks nous contant le passé des principaux protagonistes et en serrant au maximum son cadre, Saints & Soldiers, le sacrifice des blindés (titre idiot qui n’a pas grand chose à voir avec le récit) ne parvient pas à gommer ses aspects cheap. L’insistance à concentrer son récit sur les personnages empire même les choses, la faute à et des profils bourrés de clichés et un scénario extrêmement convenu qui aborde le sujet d’une manière très (trop?) sérieuse sans en avoir les moyens. Ni la finesse d’esprit.
D’un autre côté, il est difficile de jeter la pierre à un Ryan Little qui fait avec les moyens du bord et qui, à défaut de virtuosité, fait preuve de bonne volonté et essaie de donner un peu de corps à son histoire. La meilleure idée est l’introduction de quelques séquences qui témoignent du racisme et de la ségrégation qui faisaient l’ordinaire de l’armée américaine durant la période. Un aspect rarement traité qui hausse grandement le niveau d’intérêt d’un scénario autrement très banal. Malheureusement, le traitement est loin d’être à la hauteur de l’intention, et entraine cet élément de tension social, qui mine le groupe et contrarie son bon fonctionnement, vers un dénouement optimiste aussi risible que prévisible. Autre élément assez intéressant, le processus de « réhumanisation » de ces militaires en fin de conflit qui pointe le bon de son nez lors d’une rencontre avec des réfugiés allemands (les GI y reconnaissent un déserteur allemand mais font mine de l’ignorer) et la réaction de jeunes engagés de la Wehrmacht qui se rendent à un officier britannique pourtant désarmé et blessé (après s’être débarrassé de leur chef, un nazi dépourvu de toute humanité). Tout cela compose une somme de petits détails qui sauvent le métrage de la médiocrité.
Pour ce qui est de l’aspect purement guerrier, l’amateur peine à avoir son content. Il devra se sustenter avec un gentil divertissement. Alors, certes, Saints & Soldiers: le sacrifice des blindés est un film de guerre mais les moyens investis et la mollesse de la réalisation ne le hissent guère plus haut qu’un épisode de série TV consacrée au genre. Quelques tirs d’obus, quelques manœuvres de chars de modèles hétéroclites (des panzer IV de différentes séries, si je ne me trompe pas), des échanges de tirs d’armes légères, le tout accompagné d’incohérences visant à entretenir l’action et le suspense (les balles qui font exploser les bidons d’essence; les panzers qui se séparent et dont certains circulent sans soutien d’infanterie; des soldats allemands peu adroits au tir face à leurs homologues américains; un général allié qui s’aventure seul sur une route non sécurisée) et traité de manière très policée. Un ensemble qui fait, force est de l’admettre, pale figure face aux productions actuelles, qu’elles soient sérieuses (Mémoires de nos pères, Lettres d’Iwo Jima) ou fantasmées (Inglorious Bastards, Fury…)
Ma côte : 2,5/5
Saints & Soldiers : le sacrifice des blindés (2014 – USA)
Titre original : Saints & Soldiers : The Void
Un film de Ryan Little
Scénario de Ryan Little
Avec : Adam Gregory, Timothy S. Shoemaker, Michael Todd Behrens, Christoph Malzl, Ben Urie, David Morgan.
Disponible en DVD aux éditions Condor Entertainment (13 octobre 2014)