outlander 00

Peu de temps après la fin de la deuxième guerre mondiale, une jeune anglaise accompagne son mari dans le nord de l’Ecosse, sur les terres de ses ancêtres. Lors de la visite d’un cercle de pierres dressées, elle va toucher l’une d’entre elles et se retrouver projetée… en 1743, alors que les Highlands sont occupés par les troupes britanniques et que se préparent ce que les historiens appelleront les Guerres Jacobites.

Outlander est l’adaptation en drama télévisuel d’une série de romans de Diana Galbadon parue en France sous le titre Le chardon et le tartan. Pour l’occasion, le producteur, Ronald D. Moore – célèbre pour ses travaux sur Star Trek, Roswell et Battlestar Galactica – s’aventure sur un terrain jusqu’alors inconnu de lui: celui de la littérature féminine. Car, avant toute autre chose, les œuvres de Diana Galbadon se posent comme des révisions actualisées (c’est à dire un peu plus « chaudes ») de tous ces textes qui composaient jadis l’ordinaire de la collection Harlequin. L’histoire d’Outlander, c’est donc principalement une romance un brin mièvre où une belle jeune femme – un tantinet rebelle, coquine et… à la limite de l’alcoolisme, donc définitivement moderne – se retrouve déchirée entre deux amours. La différence avec le bon vieux Barbara Cartland des chaumières – en plus du traitement, plus actuel – c’est qu’ici, ces deux amours ne sont pas séparés par leurs rangs sociaux (quoique…) ou leurs physiques (quoique… bis), mais par deux siècles! Présenté comme cela, Outlander ne vend donc pas du rêve, du moins pas à moi. Pourtant….

outlander 01

J’ai accroché dés le pilote. Oui. Et depuis, avec ma chère et tendre, on en rate plus un seul épisode. Du coup, cette pose de mid-season, ça m’ennuie. Parce que force est d’admettre que l’intrigue, bien qu’un peu neuneu, est vachement bien troussée (tout comme l’héroïne) et riche en petits détails qui rendent le visionnage agréable. Evidemment, je n’en dirai pas trop pour ne pas spoiler; juste que l’originalité du concept repose en partie sur une restructuration de certains personnages rencontrés dans les séquences se déroulant au XXème siècle à travers d’autres qui se trouvent être leurs ancêtres (vous l’avez compris, certains acteurs jouent donc deux rôles). Amusant, également, de suivre les déboires de cette femme à l’esprit et au corps libérés qui se retrouve confrontée à une société patriarcale, sexiste et puritaine… mais riche en mecs virils! Cependant, aussi divertissant que soient ces éléments scénaristiques, la série se devait de présenter d’autres atouts pour retenir devant leurs téléviseurs l’audience la plus large possible. Heureusement, elle n’en manque pas.

outlander 03

Le récit s’étale souvent un peu trop lourdement sur les démonstrations erotico-romantiques (que les obsédés qui me lisent se calment, cela se limite à quelques paires de fesses, quelques poitrines dénudées et des orgasmes bruyants) et l’expression des états d’âme de l’héroïne (dont les faits et gestes sont accompagnés en permanence par une voix off exprimant le fond de sa pensée). Cela a pour effet de rendre, force est de l’admettre, quelques épisodes assez ennuyeux – le très pénible épisode The Wedding se pose comme le déballage ultime, pour le moment, dans le registre de l’interminable papouille sentimentale aux préliminaires bavards. Cependant, la plupart du temps, cet aspect est souvent compensé par d’autres, bien plus séduisants. Car Outlander est remarquable de par l’effort investi dans le domaine du réalisme et de la crédibilité. Pour l’amateur du XVIIIème siècle, et plus particulièrement celui des clans highlanders et des guerres Jacobites, cette série est en fait un véritable régal, à la fois par son élégance visuelle (costumes, décors, paysages, tout est absolument magnifique), ses choix scénaristiques (les clansmen échangent en gaël, les accents sont terribles et nous plongent dans l’ambiance), ses nombreuses références historiographiques, notamment sur la structure des clans (us et coutumes, hiérarchie, découpage politique) et sa cosmétique (bande originale de grande qualité, photographie luxueuse). Bref, si, comme Claire, vous ne connaissiez rien, ou presque, au sujet des Highlands, au bout de quelques épisodes, les Frasers et les McKenzies n’auront plus de secrets pour vous.

outlander 04

Enfin, pour finir, un mot sur le casting. Du haut de gamme. On se croirait chez HBO. Du plus discret des seconds rôles (les comédiens incarnant les clansmen sont vraiment très bons) aux têtes d’affiche, tous livrent des interprétations de qualité et rendent leurs personnages aussi crédibles qu’attachants… ou haïssables. L’une des plus grandes satisfactions vient du duo vedette. En effet, à la découverte de ce couple amoureux sorti tout droit d’un roman photo, on pouvait légitimement craindre le pire. En fait, les deux acteurs s’en sortent, dans le pire des cas, correctement, et cela malgré le physique de beau male, quelque peu décalé, de Sam Heughan. Cet aspect anachronique est moins ressenti avec la débutante Caitriona Balfe. Il est vrai que son personnage débarque du vingtième siècle, ce qui pourrait expliquer son atypisme, mais l’acceptation repose aussi son interprétation. Le top model irlandais surprend à la fois par sa beauté simple mais aussi par un sacré charisme qui n’est pas sans évoquer une certaine Kate Blanchet (autant dire que je suis séduit). Il me toutefois conclure en précisant que s’ils remplissent plus que correctement leurs rôles, les deux comédiens deviennent assez transparents quand interviennent les talentueux vétérans Gary Lewis et Graham McTavish – tous deux incarnent les aînés des McKenzies – ou le génial Tobias Menzies (Rome, Le trône de fer), qui a enfin un rôle a la mesure de son talent.

De toute façon, une série où les personnages boivent du Scotch à toute heure de la journée, même pendant les repas, cela ne peut pas être une mauvaise série

Ma côte : 4/5

OUTLANDER
Une série créée par Ronald D. Moore
D’après l’œuvre de Diana Gabaldon
Avec : Caitriona Balfe, Sam Heughan, Graham McTavish, Ducan Lacroix, Tobias Menzies, Grant O’Rourke, Stephen Walters, Stephen Walters, Gary Lewis…
Musique de Bear McCreary

Saison 1 actuellement en production (pose de mid-season, reprise en avril 2015), diffusée sur Starz – Toujours inédite en France.