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Je dois l’avouer, après avoir acquit ce vingt-troisième opus des aventures de Blake et Mortimer, je ne me suis pas jeté dessus comme un mort-de-faim sur un double cheese. Il faut dire que j’étais un peu échaudé par ma précédente expérience : un assez moyen épisode baptisé L’onde Septimus, qui péchait par un scénario brouillon et faisant un peu trop dans le sensationnel. Deux seuls éléments m’encourageaient cependant à persévérer : mon attachement aux deux héros, qui dure depuis mon adolescence et la louable prise de risque dans le précédent album du scénariste Jean Dufaux, qui pouvait laisser croire à une politique d’édition un peu innovante. Je n’ai pas été déçu, mais pas pour les raisons espérées.

A travers cette bande dessinée de 64 pages, Yves Sente et André Juillard nous entraînent au cœur de la seconde guerre mondiale pour une histoire d’aventure fiction mêlant action et espionnage. Le duo a déjà œuvré pour les éditions Blake et Mortimer, avec le diptyque Le sarcophage du 6ème continent et Le sanctuaire de Bodwana. Bon signe, ces deux épisodes composent ce qui s’est fait de mieux au cours de ces dix dernières années. De plus, Yves Sente connait bien l’univers Blake et Mortimer, qu’il fréquente depuis la reprise de la série, à la fin des années 90.

Le Bâton de Plutarque respecte sans défaillir les codes graphiques et dramatiques fixés par Edgar Pierre Jacob et qui matérialise un univers réaliste martial et légèrement retro futur. Toutefois, le récit surprend par son positionnement dans le temps et son intrigue, qui en fait une préquelle de l’œuvre dans sa globalité et de son premier épisode, Le secret de l’Espadon. On pourrait penser qu’il est tache difficile de poser une œuvre nouvelle comme l’introduction à un chef d’œuvre de la bande dessinée, pourtant Yves Sente relève le défi haut la main et nous offre une histoire bien ficelée, riche en mystères et en rebondissements. Et qui, cerise sur le gâteau, annonce de belle manière les aventures vécues dans Le Secret de l’Espadon.

Ici, Blake et Mortimer vont devoir lutter contre des agents nazis mais également contre les espions d’un nouvel Empire profitant de la confusion pour se tailler une place de choix sur l’échiquier mondial. Courses poursuites, exploits épiques, armes secrètes, énigmes et agents doubles composent l’histoire de cette bande dessinée qui ne lâche à aucun moment le lecteur. Mais l’élément le plus inédit est l’introduction du personnage du colonel Olrik ! Comme le personnage, et sa perfidie, est encore inconnu des héros, le lecteur se trouve en possession d’une information que Blake et Mortimer n’ont pas, et il peut s’amuser de leurs réactions au fur et à mesure qu’ils en apprennent plus sur l’âme damnée du dictateur Basam-Damdu.

Enfin, il ne faut pas manquer de citer les dessins d’André Juillard qui, tout comme Antoine Aubin, contribue avec modestie, mais un talent certain, à faire perdurer l’univers d’Edgar P. Jacobs.

Ma côte : 4/5

Le bâton de Plutarque
Les aventures de Blake et Mortimer, tome 23
Scénario d’Yves Sente
Dessins d’André Juillard
Couleurs de Madeleine Demille
Encrages d’Etienne Schréder
Disponible aux éditions Blake et Mortimer (décembre 2014)

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