Quand un spécialiste des contes et légendes celtiques – et figure de l’heroic-fantasy – se penche sur le mythe des chevaliers du Temple, cela ne peut laisser indifférent le fan du genre que je suis. Ce n’est donc pas sans un certain plaisir que je me suis lancé dans la lecture du premier tome de Templier, une série des éditions Soleil (collection Esotérique), baptisé Dans les murailles de Tyr, et construit sur un scénario de Jean-Luc Istin.
Ce premier opus s’ouvre d’une manière des plus spectaculaires, avec la découverte par trois chevaliers du temple de la Porte de Baphomet, en l’an 1157. Après avoir franchi cette porte, les trois moines guerriers découvrent un spectacle hors cadre que l’on devine extraordinaire mais qui leur sera fatal. Leur découverte ne restera pas cependant sans suite, l’un d’entre eux, bien que mal en point, va en effet réussir à quitter les lieux. Quatre planches marquantes qui posent les enjeux de l’œuvre.
Une fois ceci fait, Jean-Luc Istin nous transporte en 1187, à bord de l’une des nefs transportant les troupes de Philippe Auguste vers la troisième croisade. On y fait la connaissance de ceux qui seront, on le devine, les principaux protagonistes de cette aventure qui marie avec brio (pour le moment) faits historiques et ésotérisme. En effet, derrière le combat acharné que se livrent chrétiens et musulmans pour la domination en Terre Sainte, menés par deux personnages charismatiques – Conrad de Montferrat et Saladin – une autre lutte se déroule, plus occulte. Une joute tripartite qui oppose les chevaliers du Temple, leurs rivaux envoyés par le Pape et les assassins d’une secte luciférienne, l’Ordre Noir. Une lutte qui a pour quête commune la possession de la carte menant à la fameuse Porte de Baphomet.
Au fil des pages, au pied des murailles de Tyr où les armées chrétiennes et sarrasines s’entretuent, se forme alors une compagnie hétéroclite. Se joignent en effet à Orion de Saint Sulpice, un chevalier du Temple qui s’est vu chargé par son ordre la mission de retrouver la carte, un poète, un mercenaire Maltais et un guerrier celte. A noter que ce dernier se voit bénéficier d’un traitement de faveur, avec un flashback qui nous compte sa difficile enfance. Véritable transposition du personnage de Conan (il porte d’ailleurs ce nom), ce guerrier à la force extraordinaire prend tant de place dans cet épisode que l’on se doute bien qu’il jouera un rôle majeur dans la suite des événements. Mais pour le moment, je trouve que ce Conan, par son exotisme, jure un peu trop dans le décor.
Si Templier est grandement consacré à nous conter une histoire emprunte d’ésotérisme, Jean-Luc Istin n’en oublie pas pour autant d’entretenir l’aspect pédagogique. En effet, comme il a l’habitude de le faire quand il traite de folklore celtique, il accompagne son récit de précisions historiques, se permet quelques parenthèses (comme lorsqu’il nous rappelle l’origine des Templiers) et plonge son intrigue dans un environnement historique précis et soigneusement décrit. Autant d’éléments qui rendent l’intrigue d’autant plus crédible. Cet aspect est également entretenu par la précision de trait des dessinateurs Mirko Colak et Lucio Alberto Leoni (je cite les deux car je ne sais pas qui a fait quoi). J’ai particulièrement apprécié les décors, superbes, et les scènes de bataille, très spectaculaires. Le travail sur les ombrages est également de bonne facture. Par contre, la représentation des visages est plus perfectible. Parfois, certains traits sont peu, voire mal, définis, ce qui rend certains visages lisses et peu expressifs. Un manque de finition qui empêche l’œuvre d’entrer dans la cour des grandes bandes dessinées.
Ma côte : 4/5
Templier, tome 1 – Dans les murailles de Tyr
Scénario de Jean-Luc Istin
Dessin de Mirko Colak et Lucio Alberto Leoni
Couleurs de Elodie Jacquemoire
Paru aux édition Soleil (collection Esotérisme) – mai 2012