1870

STRUCTURE

En 1870, à l’orée de la guerre, les troupes de lignes de l’armée de l’empereur Napoléon III comprenaient les troupes métropolitaines et les troupes coloniales, dites de l’armée d’Afrique.

L’armée était composée de sept corps d’infanterie et de 3 divisions de cavalerie de Réserve. Les 1er, 3ème et 6ème Corps, commandés par des maréchaux (MacMahon, Bazaine puis Leboeuf, Canrobert), étaient plus importants, en nombre, mais aussi par la nature des troupes les composant (présence de cavalerie de réserve et de troupes d’élite). Les autres corps étaient commandés par des généraux.

Les troupes d’infanterie de l’armée d’Afrique (Zouaves et Turcos), considérées comme des troupes d’élite, opéraient dans le 1er premier corps de MacMahon, alors que les régiments des Chasseurs d’Afrique étaient intégrés aux  divisions de cavalerie de Réserve.

Pour ce qui était des effectifs, les 1ier, 3ème et 6ème corps étaient composés de quatre divisions d’infanterie, d’une division de cavalerie à trois brigades, et d’une réserve d’artillerie de huit batteries. Les autres corps comprenaient chacun trois divisions d’infanterie, une division de cavalerie à deux brigades et d’une réserve d’artillerie de six batteries. Ces réserves d’artillerie étaient composées de pièces de 12 livres Napoléon, de canons de 4 livres et d’artillerie à cheval de 4 livres.

Une division d’infanterie regroupait deux brigades de deux régiments de ligne (les « lignards »), de deux batteries de 4 livres et d’une batterie de mitrailleuses. La première brigade de chaque division comprenait également un bataillon de chasseurs, qui opérait généralement en tirailleur.

Les brigades de cavalerie regroupaient deux régiments. Les régiments de Réserve (Cuirassiers et Carabiniers) et les régiments de cavalerie de ligne (Dragons et Lanciers) étaient composés de 5 escadrons, alors que les régiments de cavalerie légère (Hussards et Chasseurs) en comptaient six.

Chaque régiment d’infanterie de ligne était composé de trois bataillons de six compagnies actives (opérant sur le terrain) et de deux compagnies de réserve. Les 7ème et 8ème compagnies du 1er bataillon de chaque régiment étaient regroupées pour former un quatrième bataillon, dit de dépôt. Le 19 juillet 1870, ces bataillons de dépôt sont regroupés et réorganisés pour former les premiers « régiments de marche ».

Pour ce qui est des effectifs théoriques, un escadron de cavalerie regroupait 150 cavaliers, pour des régiments de cavalerie entre 750 et 900 hommes. Un bataillon d’infanterie à huit compagnies rassemblait théoriquement 900 hommes, pour un effectif régimentaire de 2700 hommes (commandé par un colonel). Ces chiffres théoriques furent toutefois rarement vérifiés, certains régiments n’atteignant pas 2000 hommes.

Turcos a Wissembourg 4 aout 1870

L’ARMEE D’AFRIQUE

Pour trouver l’origine de l’armée d’Afrique, il faut remonter jusqu’en 1830, en Algérie. C’est à cette époque que furent formées les premières unités indigènes de volontaires, encadrées par des officiers Français. Originellement prévues pour opérer uniquement dans les colonies, ces troupes ne tardèrent pas à être employées dans diverses campagnes (Crimée, Italie, Mexique…). En raison de leur esprit de corps, de leur expérience, de leur courage, elles acquirent rapidement dans l’armée française un statut de troupes d’élite, en dépit d’une réputation de « têtes brûlées » (pas toujours injustifiée). Pour un officier français, il était de bon ton de faire ses premières armes au sein des « africains » et c’est ainsi que ces unités connurent les passages de Bazaine, Canrobert, MacMahon, Saint-Annaud, Bosquet…. L’armée d’Afrique de 1870 comptait trois corps : les Zouaves, les Turcos et les Chasseurs d’Afrique.

Les Zouaves

Les Zouaves sont nés en 1830 en Algérie. Il s’agissait à l’origine de volontaires indigènes de la tribu des Zouagha, formés sous la direction de cadres Européens. En 1842, l’unité fut européanisée et prenait le titre de 1er régiment de Zouaves. En 1852, deux régiments supplémentaires furent levés. Pour entretenir l’esprit de corps, les trois régiments furent organisés par province d’appartenance, construits autour des bataillons qui formaient le régiment originel. En d’autres mots, chaque bataillon provincial du régiment originel se vit attribuer un statut régimentaire.

Au fil des ans, les Zouaves servirent en Italie, au Mexique, en Crimée et au Liban (lors de l’expédition de 1861). Le 2ème régiment de Zouaves, surnommé « Les chacals d’Oran », est la première unité de l’armée française coloniale à voir son aigle décoré de la légion d’honneur pour sa conduite héroïque à la bataille de Magenta.

En 1870, les Zouaves sont incorporés dans le 1er corps de MacMahon. Chaque régiment est composé de trois bataillons de neuf compagnies, dont six actives.

Dans Black Powder, les Zouaves peuvent se voir attribuer les règles spéciales Elite, Solide, Fiable

Les Turcos

Les Turcos, ou tirailleurs algériens, ont été créés en 1833 à partir de groupes d’individus algériens et turcs. Si l’encadrement était européen, tous les sous-officiers et la moitié des officiers subalternes étaient des natifs. Au début considérés par l’état-major comme des troupes indisciplinées et peu fiables, ils finirent par acquérir, au fil des années, une reconnaissance et, en 1841, les Turcos sont définitivement intégrés à l’armée sous la forme d’un régiment à trois bataillons (bataillons de Constantine, d’Oran et d’Alger).

En 1855, ils suivirent la même voie que les Zouaves et réorganisés en trois régiments. Les Turcos se distinguèrent en Crimée, en Indochine, au Sénégal et au Mexique.

En 1863, un bataillon de Turcos est détaché pour être incorporé dans la Garde Impériale, dans le régiment des Zouaves de la Garde.

En 1870, les Turcos servent dans le 1er Corps de MacMahon. Chaque régiment est composé de trois bataillons de neuf compagnies, dont six actives.

Dans Black Powder, les Turcos peuvent se voir attribuer les règles spéciales Crack, Vaillant, Superbement entraîné.

lanciers franc tireurs

Les Chasseur d’Afrique

Nommés à l’origine (en 1830) Chasseurs Algériens, les Chasseurs d’Afrique étaient des unités de Chasseurs à cheval chargés d’assurer la sécurité des forces expéditionnaires débarquées de métropole. Organisés en trois régiments, ils virent s’ajouter à leurs effectifs un régiment supplémentaire en 1841. C’est les chasseurs d’Afrique qui, en 1854, à Balaklava, réussirent à sauver les restes de la brigade légère britannique, empêchant son anéantissement. Les Chasseurs d’Afrique se distinguèrent en Crimée, en Italie (particulièrement à Solferino), en Syrie et au Mexique, où ils furent surnommés les « Bouchers bleus » par leurs ennemis.

En 1870, les quatre régiments sont incorporés la cavalerie de Réserve, et répartis dans les 1er, 3ème et 6ème Corps.

Dans Black Powder, les Chasseurs d’Afrique peuvent se voir attribuer les règles spéciales Crack, Sanguinaire, Charge déterminée.

LES CHASSEURS A PIED

Le corps des Chasseurs à pied remplaça l’infanterie légère des périodes précédentes. Son origine se trouve dans les Chasseurs d’Orléans, infanterie légère expérimentale créée à Vincennes en 1837 par le duc d’Orléans. En 1841, toujours sous le même nom, dix bataillons furent formés. En 1848, le nom du corps changea pour devenir Chasseurs à pied, et cinq années plus tard, dix autres bataillons se rajoutèrent aux premiers.

Les Chasseurs à pied servirent en Crimée, en Italie, en Chine, au Mexique et en Syrie. Ils furent les auteurs de hauts faits d’armes, qui leur permirent de gagner la légion d’honneur.

En 1870, tous les bataillons sont engagés, répartis dans les premières brigades de chaque division.

Dans Black Powder, les Chasseurs à pied peuvent se voir attribuer les règles Tirailleurs, Tireur d’élite, Elite, maraudeurs

LA DIVISION BLEUE

En 1870, l’état-major imaginait un plan d’invasion de la Prusse employant des moyens amphibies. Une division d’infanterie de marine fut levée en ce sens, et confiée au général de Vassoigne. Malheureusement, ce plan ne se concrétisa jamais et, début août,  la « division bleue » fut incorporée dans le corps de MacMahon. Chargée de la défense de Sedan, elle se distingua en tenant le village de Bazeilles contre des forces Bavaroises largement supérieures en nombre.

La division bleue était composée de deux brigades à deux régiments. Chaque régiment comptait trois bataillons de six compagnies.

L’infanterie de marine peut se voir attribuer la règle spéciale Endurant.

LA CAVALERIE

L’armée impériale comprenait trois types de cavalerie

La cavalerie de réserve : Cuirassiers, carabiniers (et les Chasseurs d’Afrique).

La cavalerie de ligne : dragons et lanciers

La cavalerie légère : hussards et chasseurs.

En 1870, les effectifs de la cavalerie s’élevaient à 50 régiments, répartis comme suit : 10 régiments de cuirassiers, 12 régiments de dragons, 8 régiments de lanciers, 12 régiments de chasseurs et 8 régiments de hussards. Cette cavalerie, bien que certaines unités (comme les dragons et les chasseurs) étaient formés au combat au feu, privilégiait le sabre et la charge en rangs serrés, ce qui leur occasionna de grandes pertes durant les batailles, pour des résultats peu concluants, voire parfois désastreux.

Dans Black Powder, les Cuirassiers bénéficient de la règle Cavalerie Lourde +D3, Crack, charge déterminée. Les lanciers bénéficient de la règle Lanciers. Les Hussards bénéficient de la règle Maraudeurs.

L’ARTILLERIE

La faiblesse de l’armée française, quand on la comparait à celle de son adversaire, plus moderne (avec le fameux canon Krupp), mieux organisée et surtout mieux employée.

Le parc d’artillerie de l’armée impériale s’élevait à 20 régiments, numérotés de 1 à 20. Les 15 premiers étaient des régiments dits de « campagne », le 16ème était un régiment de pontonniers et les quatre restants des régiments d’artillerie à cheval.

Chaque régiment de campagne regroupait douze batteries de six pièces. Huit de ses batteries étaient mobilisées, les quatre autres composaient des pièces de défense de fortifications.

Les régiments d’artillerie à cheval regroupaient huit batteries de six pièces.

Le total n’était pas négligeable, mais un grand nombre des pièces était dispersé dans les divers corps, ce qui rendait compliqué son approvisionnement en munitions et sa maintenance. Par exemple, le 17ème régiment d’artillerie à cheval avait des batteries répartis dans les 2ème, 3ème et 4ème Corps alors que le 6ème régiment de campagne avait des batteries dans les 1er, 5ème et 7ème Corps ! A côté de cela, il fallait ajouter un manque de chevaux pour les attelages et une ancienne doctrine désormais dépassée qui dictait de garder le feu des pièces les plus importantes (les batteries de 12 pouces Napoléon) pour les moments décisifs, ce qui laissait l’initiative du feu aux Allemands.

ORGANISATION DE BASE D’UN CORPS D’ARMEE

Voici l’organisation d’un corps d’armée « normal » sous le Second Empire.

corps armée 1870 fr

Ci-dessous, le 1er Corps d’armée de MacMahon, qui concentre les troupes dites « élite », excepté la Garde.

corps armée mcmahon 1870