Après la capitulation de l’empereur à Sedan le 2 septembre 1870, il ne reste rien, ou presque, de l’armée impériale. Des nombreux régiments de lignards, seuls sept ont échappé au piège des Ardennes. Si un, le 87ème, est en mauvaise posture puisque assiégé à Strasbourg (la ville tombera le 28 septembre), les autres sont, soit en Italie, soit en Algérie. Pour ce qui est de la cavalerie, la situation est, heureusement, moins calamiteuse. Tout d’abord, cinq régiments (6ème et 8ème Hussards, 6ème Dragons, 1er et 9ème Chasseurs) sont au repos ou missionnés à l’étranger lors de la reddition de Sedan. Ensuite, une bonne partie de la division de cavalerie du 1er Corps de MacMahon a réussi à échapper aux griffes des Prussiens et retraiter vers Paris, en compagnie du 9ème Cuirassiers, rescapé de Froeschwiller. La totalité du parc d’artillerie, par contre, a été perdue.
LA MOBILISATION
Propulsé au pouvoir, le gouvernement de la Défense Nationale réagit vite. On essaie d’abord, avec la mission Jules Favre, la négociation. Mais, après le refus de Bismarck d’accorder à la France un armistice, il s’avère nécessaire de faire appel à une armée du peuple pour remplacer les 83,000 militaires professionnels capturés à Sedan. L’heure est donc à la mobilisation générale! Le dynamisme et le patriotisme des dirigeants, et plus particulièrement de Gambetta, alors ministre de l’intérieur, fait des merveilles et l’appel est entendu – même si en Province, et plus particulièrement dans le Sud, le citoyen se sent moins concerné par des problèmes qu’il juge « parisiens ».
En fait, la situation française, si elle est problématique, est loin d’être dramatique. La défaite de Napoléon III, rapide, n’a pas entamé les ressources nationales. Les usines tournent à plein régime, la population, en règle générale, n’a pas été trop malmenée. Reste qu’il faut d’urgence monter des forces suffisamment importantes pour arrêter les Prussiens, qui foncent vers Paris (ils mettront le siège de la capitale le 19 septembre). Et cela doit commencer par construire des armées dignes de ce nom. Le premier réflexe du nouveau gouvernement est de réorganiser en unités actives les troupes de réserve et de dépôt, généralisant de fait une initiative déjà entamée sous Napoléon III : la levée de « régiments provisoires de marche ». Evidemment, cela ne pourra pas suffire. A ces troupes professionnelles motivées mais de qualité discutable, viennent alors s’ajouter rapidement des unités de réservistes (gardes mobiles), de fonctionnaires mobilisées (pompiers, forestiers…), de police (gendarmerie, Garde Nationale sédentaire et mobilisée) et de milices organisées (les Francs-tireurs). A ces effectifs, il ne faut pas manquer d’ajouter les 70,000 hommes de l’infanterie de Marine. Au total, une force très importante et hétéroclite, qui sera répartie en trois forces : l’armée du Nord, les trois armées de Paris, l’armée (puis les armées) de la Loire. Enfin, pour ce qui est de l’aspect structurel, si les états-majors se penchent à composer une organisation similaire à celle de l’armée impériale (relativement bien maîtrisée), ils doivent tenir compte des disparités dans les troupes, tous n’affichant pas les mêmes valeurs combatives.
Je vous propose un petit tour d’horizon des différentes composantes de l’armée républicaine en 1870.
L’INFANTERIE DE MARCHE
Comme précisé plus haut, la création des régiments de marche n’est pas une initiative républicaine. Ces régiments sont formés à partir de la fusion des bataillons de dépôt (formés à partir des 7ème et 8ème compagnies du premier bataillon de chaque régiment de ligne). S’ils présentent l’avantage d’être composés de troupes professionnelles, ils pèchent par un manque d’homogénéité dans le commandement, les hommes composant ces unités étant originaire d’un grand nombre de régiments (donc de régions, en conséquence, tous ne parlent pas la même langue). Le 28 octobre, les régiments de marche parisiens prennent le titre de régiments de ligne et adoptent une numérotation similaire à celle de l’armée impériale. En Province, le titre « régiment de marche » est conservé.
A Paris, 28 régiments de marche sont levés. Le 28ème (qui prit le nom de 128ème de ligne le 28 octobre) regroupe les unités de dépôt des Voltigeurs, Grenadiers et Chasseurs à pied de la Garde Impériale. En Province, 56 régiments de marche viennent grossir les forces de l’armée. L’armée républicaine n’oublie pas de doter ces régiments d’unités de chasseurs, puisque Paris se voit attribuer trois bataillons, alors que la Province va encore plus loin, avec la création de vingt bataillons !
LES GENDARMES ET AUTRES UNITES ADMINISTRATIVES
Le 11 août, à Paris, on voit la création d’un régiment de Gendarmerie à trois bataillons, pour un effectif total de 1600 hommes et 48 officiers. Il se voit renforcé par la Garde de Paris, qui s’appelle désormais Garde Républicaine (deux bataillons pour un total de 1930 hommes et 56 officiers), un régiment de forestiers (deux bataillons ; 1048 hommes et 44 officiers), deux régiments provisoires de policiers (5500 hommes répartis dans six bataillons) et, enfin, un régiment de pompiers – officiant à l’arrière.
En Province, on créée rapidement un régiment provisoire de Gendarmerie à deux bataillons, cependant, pour pallier à un fort taux de désertion, le gouvernement mobilise le 20 septembre la gendarmerie sédentaire. Cette unité rejoint les régiments formés à partir des restes de l’armée impériale, tout comme 11 régiments de forestiers.
LA CAVALERIE
Bien que l’état du corps de cavalerie, après la capitulation de Sedan, soit moins désastreux que celui de l’infanterie, il est nécessaire de réorganiser les troupes et de lever des régiments provisoires. Une mission complexe pour cette arme exigeante, tant au niveau technique qu’administratif. La demande se fait surtout sentir en Province, les forces assiégées dans Paris n’ayant pas trop besoin de troupes montées.
A Paris, donc, la cavalerie est regroupée dans deux divisions. La première est incorporée dans la 2ème armée. Elle regroupe deux régiments de dragons, deux régiments de chasseurs, un escadron de Spahis et les 720 cavaliers de la Gendarmerie à Cheval. La division attachée à la 3ème comprend un régiment de lanciers, un régiment de cuirassiers (formés à partir des escadrons de dépôt des Cent-Gardes, des Grenadiers de la Garde, des Carabiniers de la Garde et du 1er régiment de cuirassiers), un régiment mixte composé des dépôts de lanciers, de dragons, des Guides et des dragons de la Garde et un régiment de la Garde Républicaine (ex Garde de Paris). Un peu plus tard lui sera adjoint un régiment de Gendarmerie à Cheval.
En Province, où la demande est plus forte, un plus grand nombre de régiment est levé. Tous les régiments font désormais six escadrons (en accord avec un décret datant du 26 aout mais qui n’avait pas pu être appliqué sous l’Empire). Les 42 régiments provinciaux levés par la République se répartissent comme suit :
9 régiments de cuirassiers
10 régiments de dragons
5 régiments de lanciers
2 régiments de chasseurs
4 régiments de hussards
10 régiments mixtes (un mélange hétéroclite de troupes, mais principalement de la cavalerie légère)
2 régiments de Gendarmerie à Cheval (à partir du 31 octobre).
L’ARTILLERIE
Si la totalité du parc d’artillerie de campagne de l’armée impériale a été capturée à Sedan, on s’inquiète plus en haut lieu du manque de personnel qualifié pour servir aux canons. Pour ce qui est des pièces d’artillerie, l’armée n’a pas du mal à se rééquiper en réquisitionnant dans les dépôts et les places-fortes, et parvient à rassembler plus d’un millier de canons dans les armées de Province et plus de mille pièces à Paris. Bon, toutes ces bouches à feu ne sont pas de première jeunesse, mais cela représente une puissance non négligeable. Par contre, question personnel, même en puisant dans les réservistes, les artilleurs de marine et les retraités, la République parvient difficilement à réunir 450 officiers. Un chiffre très insuffisant. Et à cela s’ajoute de nombreux problèmes de logistique. La question de la manœuvrabilité est partiellement réglée par des ajustements qui tiennent parfois du bricolage, comme transformer des pièces de campagne en artillerie « montée » ou confier le transport des pièces au Train plutôt qu’au corps d’artillerie (canons et artilleurs se déplacent donc séparément pour se retrouver sur les champs de bataille).
LES TROUPES COLONIALES
Si quelques-unes de ces unités de l’armée d’Afrique ont été détruites à Froeschwiller et Sedan, l’armée d’Afrique n’en a pas été pour autant annihilée. Turcos, Chasseurs et Zouaves ont contribué également à la sauvegarde de la France dans les armées de la République.
Les Turcos : un régiment de Turcos est attaché le 2 octobre au 15ème Corps (armée de la Loire). Il est renforcé un peu plus tard par un bataillon débarqué d’Algérie.
Les Zouaves : Fuyant Sedan, des éléments du 3ème régiment ont réussi à sauver leur aigle et regagner Paris. Renforcés par les dépôts des Zouaves de la Garde, des réservistes et des volontaires, ils forment le 4ème régiment de la Garde et sont attachés à la 2ème armée de Paris.
Avec les troupes de dépôt débarqué d’Algérie, de nouveaux régiments de Zouaves sont levés à Antibes, Montpellier et Avignon. Au regard des effectifs, qui grossissent sans cesse (les Zouaves sont des unités de belle réputation, très attractives auprès des jeunes), un 4ème régiment est formé en puisant dans les trois premiers. Ces régiments sont versés dans les armées de la Loire, où ils ne manqueront pas de briller par leurs faits d’armes.
Les Chasseurs d’Afrique : Peu sollicités en aout 1870, les Chasseurs d’Afrique affichent des effectifs convenables. En y intégrant les troupes de dépôt, l’état-major peut mobiliser trois régiments, dont deux servent en France.
La légion étrangère : en 1870, la Légion Etrangère, c’est seulement un gros régiment de quatre bataillons à huit compagnies. Bien qu’au regard de la loi, la Légion Etrangère n’a pas le droit d’opérer sur le territoire national, le gouvernement cède au besoin de se renforcer en troupes d’expérience et, le 11 octobre, deux bataillons provisoires débarquent à Toulon. Le 26 octobre, un troisième bataillon, fraichement levé avec les volontaires étrangers voulant se battre pour la France, les rejoint pour former un régiment de marche. Ce régiment combattra dans l’armée de la Loire avant d’effectuer des opérations dans l’Est.
Les spahis : Les spahis forment depuis 1841 un corps séparé des Chasseurs d’Afrique. En Algérie, leurs effectifs s’élèvent à trois régiments – un par Province. En 1870, les quelques spahis présents en métropole combattent au siège de Paris (un escadron) ou avec l’armée de la Loire (trois escadrons).
Les Zephyrs (Infanterie légère africaine) : un élément de ces bataillons disciplinaires de l’armée d’Afrique débarque en France le 5 décembre pour rejoindre l’armée de la Loire, au sein du 18ème Corps.
Les Volontaires de l’Ouest : jusqu’en 1866, les Français ont des unités de zouaves stationnées à Rome, pour assurer la sécurité du Pape puis, après cette date, les frontières du Vatican sous le nom de Zouaves Pontificaux. Après la défaite de Sedan, les troupes, sous le commandement du colonel de Charrette, se mettent à la disposition du nouveau gouvernement. Tout de bleu vêtu, ce régiment de zouaves (trois bataillons pour 1620 hommes, 64 officiers et 80 canons) rebaptisé Volontaires de l’Ouest, entre en opération à la mi-octobre. Armés de Chassepots et de Remingtons, ils ont considérés comme des troupes d’élite.
LA GARDE MOBILE
La Garde mobile, ou Garde Nationale Mobile, est un corps de seconde ligne réunissant les hommes en âge d’effectuer le service militaire mais ayant, pour diverses raisons, évité la conscription. Ce corps est chargé de soulager les troupes régulières des taches secondaires, comme la garde des forteresses ou le maintien de l’ordre. En temps de paix, la vie du Garde Mobile, sous les drapeaux pour cinq années de service, se résume à quelques exercices et manœuvres. Par contre, en temps de guerre, ils sont mobilisés pour la défense du territoire national. En 1870, ce sont les classes 1865-1869 qui sont mobilisées, renforcées en cours de conflit par la classe 1870 et ceux des classes précédentes qui, pour raisons familiales ou professionnelles, avaient été précédemment excusés.
Sur le terrain, force est de dire que, par manque de pratique, cette force affiche des insuffisances qui s’avèrent très préjudiciables à un bon usage. En effet, il faut savoir que le Garde Mobile ne perçoit pas de solde pour sa formation. Il est donc nécessaire que les 15 séances de formation obligatoires se déroulent en dehors de ses jours de travail, généralement le dimanche. C’est très peu pour acquérir de l’efficacité dans le maniement des armes et la manœuvre, d’autant plus que ce quota de 15 jours n’est pas toujours atteint. A noter que la Garde Mobile de Paris, qui bénéficie de plus de confort et de l’accès aux armureries impériales (avec le fameux fusil Chassepot) affiche un niveau de qualité supérieur à ses homologues de Province.
En 1870, pour ce qui est de l’encadrement, il est assuré par d’anciens militaires retirés du service mais aussi, en raison du manque d’officiers, par quelques civils.
Au niveau des effectifs, un bataillon de Mobiles regroupe huit compagnies pour un total de 1200 hommes. Le 4 septembre, 321 bataillons sont enregistrés ; 75 bataillons provinciaux sont envoyés sur la capitale renforcer les 18 bataillons de Mobiles Parisiens ; 203 sont répartis dans les armées provinciales. Quant à la vingtaine de bataillons restants, ils ne sont pas disponibles. En pour cause, ils sont coincés dans les villes assiégées par les Prussiens ! Tous ces bataillons sont regroupés en régiments de Mobiles ou utilisés comme des unités indépendantes.
A noter que les Gardes Mobiles possédaient également un parc d’artillerie et, plus étonnant, de la cavalerie. En effet, le 4 décembre 1870 est créé par décret la Garde Mobile à Cheval. Fort de quatre, puis cinq escadrons, cette unité a puisé ses hommes parmi les meilleurs cavaliers de la Garde Nationale Mobilisée. Armée de fusils Chassepot et de sabre, elle se voit chargée de missions d’harcèlement sur les lignes arrière ennemies.
LA GARDE NATIONALE
Créée lors de la Révolution Française pour assurer le maintien de l’ordre, la Garde Nationale est « mise en sommeil » par un Napoléon III qui y voit une potentielle menace pour le régime. Après la chute de l’Empire, le 29 septembre, le nouveau gouvernement charge les préfets de faire appel à tous les volontaires masculins, célibataires ou veufs sans enfant à charge, âgés de 21 à 40 ans. Le décret du 2 novembre sera plus large, puisqu’il concernera tous les hommes situés dans cette tranche d’âge, sans considération familiale.
Deux types de Garde Nationale sont mis sur pied : la Garde Nationale Mobilisée et la Garde Nationale Sédentaire. Les Mobilisés sont susceptibles de participer aux campagnes alors que les Sédentaires se voient charger des missions défensives, dans les communes de leurs départements d’origine.
Généralement, les Gardes Nationaux Mobilisés sont organisés en bataillons de six à dix compagnies, regroupés en légions ou en régiments de trois bataillons – durant la durée de la guerre, on enregistre 223 légions, 16 régiments et 11 bataillons indépendants. L’organisation de ces unités soulève de nombreux problèmes. Au-delà de l’indiscipline des hommes, et de leur manque de formation, on note aussi de grandes disparités dans l’armement et l’équipement, qui doit être fourni par les départements. On manque aussi cruellement d’officiers pour diriger cette masse d’hommes. En raison de ces problèmes, ils ne furent engagés au combat qu’en de très rares occasions, avec des résultats très médiocres.
La Garde Nationale de Paris est un cas un peu à part. Avec un recrutement par arrondissement, elle affiche des effectifs impressionnants : 250 bataillons et plus de 300,000 hommes ! Mais il ne faut pas être abusé par ces chiffres. Beaucoup de ces unités sont mal équipées, mal armées et souffrent d’un manque de munitions. Début novembre, le commandement tente de mettre un peu d’ordre dans cette panique, et commence à séparer le bon grain de l’ivraie. Cela se traduit par la création de compagnies de guerre, qui divise la Garde Nationale en catégories d’âge et de compétences. Le corps gagne alors en qualité. Employé comme une arme défensive, elle va composer l’ossature de la 1ère armée de Paris, sous le commandement du général Tamisier (puis Clement-Thomas à partir du 3 novembre).
LES TROUPES DE MARINE
Les troupes de la Marine apparaissent comme un excellent atout dans les mains des commandants de l’état-major. En effet, en aout 1870, les effectifs de la Marine Impériale s’élevent à 73,000 hommes et 2,100 canons, répartis sur 402 navires de guerre. A la chute de l’Aigle, la Marine est quasiment indemne. Il faut dire que mis à part quelques escarmouches aux colonies et l’engagement sur le front de la « division bleue », le corps n’a guère été sollicité. Le nouveau gouvernement décide alors de renforcer ses troupes inexpérimentées par ces professionnels et d’utiliser également une partie de la flotte pour des missions fluviales de bombardement ou de transport.
Devenus fantassins, réunis en bataillons de marche, de nombreux marins participent aux opérations, que ce soit dans les armées provinciales ou lors du Siège de Paris. De nombreux canons de marine sont également débarqués pour être transformés en canons de campagne ou en pièces de défense. A Paris, dès le début septembre, ce n’est pas moins de 8000 marins et 5000 marines qui ont pris place dans les forts défendant la capitale, au sein de la 3ème armée du général Ducrot. Quelques mois plus tard, on y comptera 13 bataillons de marins, 7 bataillons de marine et plus de 500 canons.
En Province, à partir des effectifs de dépôt, on lève également de nombreux bataillons de marins et de marines dans les villes de Brest, Cherbourg, Toulon et Rochefort. Ces hommes se distingueront notamment dans l’armée de la Loire, en jouant un rôle décisif dans la victoire de Coulmiers, le 9 novembre 1870.
LES FRANCS-TIREURS
Bandits de grand chemin, patriotes, miliciens, pillards, ils sont – et seront – affublés de qualificatifs divers. Il faut dire que les Francs-tireurs affichent un profil complexe dont la nature même se trouve dans leur processus de création, qui est la conséquence d’un élan spontané de mobilisation – au début anarchique puis mieux organisé – face à l’envahisseur. Moins complexe à lever que des unités de Gardes Mobiles, notamment dans l’Est envahi par l’ennemi, les compagnies de francs-tireurs se multiplient rapidement. Composées de volontaires (donc, non soldés) issus de divers rangs de la société, équipés par leurs propres moyens, comptant de nombreux « patriotes » étrangers (le plus célèbre est Garibaldi), ces unités appliquent de manière assez lâche l’organisation des armées républicaines. C’est d’autant plus vrai quand elles sont composées de militaires de carrière « détachés » de leurs unités d’origine. Au combat, leur comportement est très variable, la médiocrité pouvant laisser la place au plus incroyable des héroïsmes. Rarement impliqué dans les grands engagements, leurs spécialités sont le coup-de-main sur les lignes de communication ennemies et le sabotage.
Le 4 décembre 1870, le gouvernement décide de recenser les compagnies de francs-tireurs afin de les intégrer dans l’armée régulière, à la manière des Gardes Mobiles. A partir de cette date, les francs-tireurs « reconnus » touchent une solde d’un franc par jour et leurs unités se voient officialisées par l’attribution d’un nom (Francs-tireurs de l’armée des Vosges, Francs-Tireurs de Savoie, Tirailleurs de la Seine). C’est à partir de cette date que des compagnies de francs-tireurs sont parfois employées pour couvrir les flancs des armées en marche. Cependant, qu’ils fassent partie ou non d’une unité reconnue par le gouvernement, les Allemands ne reconnaissent pas en eux des soldats mais des espions ou des criminels. Aussi, pour le franc-tireur, en cas de capture, c’est le peloton d’exécution.
EXEMPLE D’ORGANISATIONS
LES ARMEES DE PARIS
Trois armées se constituent dés la fin de l’été 187, pour adopter un schéma définitif en novembre. La première armée est construite autour des Gardes Nationaux de la Seine (environ 400,000 hommes), qui sont levés sur place, par arrondissement et secteurs. Sa tache est principalement défensive. Elle est également chargée du maintien de l’ordre, comme pourront malheureusement le vérifier les Insurgés de la Commune au printemps 1871. La seconde armée est la plus importante avec ses trois corps d’armée, la mieux structurée, la plus professionnelle avec ses régiments de marche formés à partir des bataillons de dépôt. Elle est chargée autant des actions défensives qu’offensives. Enfin, la troisième armée est composée en partie avec les troupes navales (fusiliers-marins et troupes de marines), le reste avec des Gardes Mobiles. Sa tache principale est la défense des forts installés dans la périphérie parisienne.
Passons sur les compositions des première et troisième armées (peu significatives) , et penchons nous sur celle de la deuxième armée.
ORGANISATION DE LA DEUXIÈME ARMÉE DE PARIS, en novembre 1870
1e CORPS
Général Vinoy
2e CORPS
Général Pierre Renault
3e CORPS:
Général de Bellemare
EXEMPLE D’ORGANISATION DES ARMEES DE PROVINCE
ARMEE DE LA LOIRE, 15eme Corps d’armée
Général d’Aurelles de Paladines