Scénarisée par Jean-Luc Sala (la série Spynest ), Les divisions de fer est une série de bandes dessinées ayant pour théâtre une deuxième guerre mondiale uchronique où les belligérants s’affrontent désormais avec le soutien de blindés nouvelle génération. Armure mécanisées individuelles, gigantesques marcheurs d’acier et «panzers-transformers » composent ce que les arsenaux désignent sous le nom de mechas, ou meka.
Sur le front occidental, dans ce conflit qui s’étend bien au-delà de 1945, les Alliés, surpris par l’apparition des Panzer-marcheurs, ont été écrasés dans les Ardennes en 1944. Depuis, ils ont évacué le front Ouest et sont sur la défensive, essayant de combler le retard technologique qui les pénalise face aux troupes de l’Axe. Évoluant dans cette atmosphère belliqueuse où l’avantage est du côté des « méchants », les trois albums déjà disponibles composent des épisodes one-shot qui dressent un panorama guerrier sur la situation dans les deux fronts, le front du Pacifique et le front de l’Est – bien que les deux opus consacrés au front soviétique mettent en scène un même personnage féminin.

Côté dessin, c’est trois artistes différents qui se sont attelés à la tâche. De chaque album, il se dégage donc une ambiance particulière, conséquence du style graphique propre au dessinateur – même si une ligne commune est censée être maintenue. J’ai particulièrement apprécié quelques choix, comme celui de confier la réalisation du tome 2, dont l’histoire se déroule sur le « front californien », à Afif Khaled (qui avait déjà collaboré avec Jean-Luc Sala sur Kookabura Universe), dont le coup de crayon évoque les premiers comics US. Les deux autres dessinateurs nous proposent des travaux plus élaborés, aux rendus plus denses et aux colorisations plus marquées.

Pour ce qui des scénarios, force est de dire qu’ils se situent au cœur d’une mythologie qui n’est guère originale. Pourtant, Jean-Luc Sala tire son épingle du jeu et nous propose ici quelques histoires plutôt agréables à suivre. Ma préférence va au récit du tome 3, une sorte de révision des douze salopards, en version mecha, dont l’aspect dramatique est renforcé par le style «dark » de Stefano Martino (de l’auteur, je ne peux que chaleureusement vous conseiller l’excellent Nosferatu) . Le tome 1, où le style SF punchy de RonanToulhoat (il est l’auteur des couvertures des trois albums et c’est lui qui nous offre, pour le moment, les plus belles planches de la série) côtoie un récit steampunk très nerveux exploitant des personnages attachants, est également de belle facture. Dommage que Pacific Invasion ne soit pas du même niveau, avec une galerie de personnages peu accrocheurs et un scénario, ma foi, peu surprenant une fois dépassé l’originalité du concept (une bande de jeunes d’un même bled engagés dans le même régiment).
Au final, ces trois premiers albums nous offrent un univers uchronique familier (donc peu surprenant) mais assez agréable à explorer. Si vous êtes amateur de ce genre d’histoires très apprécié du milieu « geek », je ne peux que vous conseillez d’y jeter un œil pour vous construire votre avis.

Ma note : 3,5/5
LES DIVISIONS DE FER
Scénario de Jean-Luc Sala
Dessin et couleurs : Ronan Toulhoat (tome 1, Commando rouge), Afif Khaled (tome 2, Pacific Invasion), Stefano Martino (tome 3, Opération Rebalance)
Paru aux éditions Soleil (2014-2015)