Le film de zombie nazi a la particularité d’assouvir plusieurs de mes passions : l’horreur, la science-fiction, l’Histoire militaire…. et souvent la série Z. En effet, même à une époque où le film de mort-vivant n’était pas encore synonyme de blockbuster – une ère que les moins de quarante ans ne pouvaient pas connaitre- nombre de savants fous, simples épigones ou vulgaire transcriptions du docteur Mengele, hantaient déjà les rayonnages des vidéoclubs, pour transformer cobayes ou soldats en monstres increvables titubant et maquillés à la pelle à tarte. J’ai grandi en visionnant des perles comme Le lac des morts-vivants, de Jean Rollin, L’oasis des morts-vivants de Jésus Franco ou Le commando des morts-vivants de Ken Wiederhorn, le zombie nazi fait donc partie intégrante de ma cinéphilie bis, Z, X ou Y. C’est d’ailleurs l’élément central du seul film que j’ai jamais réalisé. C’est surement aussi le cas pour les italiens Luca Boni et Marco Ristori, qui nous offrent avec Zombie Massacre 2 leur troisième œuvre dans le genre.
Toujours produit par Uwe Boll (qui a beaucoup moins de fric qu’il y a dix ans, il faut dire qu’il a sacrément claqué, le teuton !), Zombie Massacre 2 nous invite dans une vieille bâtisse délabrée, dressée sur un terrain vague, sur laquelle est peinte une croix gammée. Un décor sensé évoquer un ancien camp allemand de prisonniers, où va se retrouver piégée une imposante patrouille de soldats américains composée de… quatre péquins. L’expert, rapidement, d’un premier coup d’œil avisé sur cette mise en situation, remarquera que les réalisateurs ont dû se contenter d’un budget étriqué, tout juste bon à ravitailler la régie en sandwiches au saucisson et en bière. Image HD vidéo, lumière naturelle à chier, mise en scène minimaliste, la réalisation est à peine supérieure à celle de tonton Marcel quand il filme l’anniversaire de tante Gertrude. Heureusement, les Italiens nous épargnent les chansons de Bézu. Mais, bon, revenons au scénario.
Les braves GI commencent par faire du tir au pigeon sur quelques soldats allemands errant comme des cons dans les bois sous le regard de leur officier lobotomisé, avant de se replier vers…. On ne sait pas où, mais leurs pas les mènent à la fameuse bâtisse. Manque de bol, quand les quatre ricains s’approchent du bâtiment, l’un d’eux (les amateurs des films d’Yvan Zuccon reconnaîtront sous les traits du malchanceux son comédien favori, Michael Segal) saute sur une mine en mousse. Ils doivent donc passer la nuit sur place, en espérant que leur pote crève le plus vite possible. En attendant, comme ils se font autant chier que les spectateurs, ils explorent les environs (comme des blondes dans un film d’horreur, ils se séparent, bien sûr). Ce qu’ils ignorent encore, c’est que non loin, dans la réplique moisie de la clinique de la Foret Noire, un officier nazi complètement fêlé s’amuse à faire mourir ses prisonniers de peur, non pas pour qu’il puisse voler – histoire de combler un fantasme viking – mais pour les transformer en zombies. Ce fou pense qu’il pourra changer le cours de la guerre en levant une armée de soldats zombies nazis. Cependant, pour cela, il faudrait qu’ils soient moins débiles (les zombies, mais aussi leur créateur).
Peut-on réaliser un poème philosophique en partant d’une histoire de zombie nazi ? Sur la vie, la mort, et tout le tralala ? Luca Boni et Marco Ristori pensent que oui, si l’on se fie aux longues scènes d’introspection et de contemplationnisme qui jalonnent ce film au rythme déjà très poussif. Mais ce choix pose problème quand le film n’offre rien à contempler à part trois vieilles pierres et quand l’exposition des états d’âmes des personnages se traduit par des dialogues de bidasses sans intérêt et quelques flashbacks romantiques. Il faut croire d’ailleurs que c’est la mode actuelle dans le cinéma indépendant : compenser le manque de moyen par une intellectualisation artificielle d’un sujet initialement primaire, voire potache. Par le passé, certains réalisateurs, comme George Romero (pour l’aspect sociétal) ou Lucio Fulci (pour l’aspect poétique) ne manquaient jamais d’introduire dans leurs films un second niveau de lecture, sans toutefois remettre en question les préceptes du genre, qui sont les mêmes depuis le Vaudou de Jack Tourneur, avec pour essentiels objectifs de générer chez le spectateur la peur et le dégoût.
Essayer de faire d’un film zombie nazi fauché un conte philosophique macabre, c’est comme vouloir faire de Mimi Mathy la doublure de Dwayne Johnson. Ou de grimper sur l’Everest avec sa bite et un couteau. Au mieux, on est ridicule. Au pire, on se casse la gueule. Là, pour le coup, Luca Boni et Marco Ristori ne s’en sortent pas trop mal : ils sont juste ennuyeux… à mourir. Alors, certes, dans le dernier tiers, ça bouge un peu plus. A ce moment, il ne reste plus qu’un seul GI. Les autres ont succombé aux attaques de zombies en pyjamas. Quand surgit de nulle part une gonzesse. Elle dit qu’elle s’est évadée de la clinique des zombies. Joliment apprêtée comme elle est, les cheveux bien arrangés, moi, perso, je ne la crois pas et je lui file direct une bastos dans le crâne (surtout qu’elle est suivie de peu par un zombie affamé – pléonasme). Lui, le GI, il ne la bute pas. En fait, il a raison. Elle ne ment pas. Merde. En même temps, lui, il a lu le scénario. Il a triché.
Du coup, le GI, pour se la péter devant la fille, décide d’aller à la clinique pour régler le compte du savant fou nazi. En fait, la clinique, elle ressemble comme deux gouttes d’eau au premier bâtiment. En moins éclairé. Je ne vais pas tout vous dévoiler pour ne pas vous gâcher le plaisir de découvrir le metaplot démoniaque de Mengele (ah, merde, j’ai spoilé !), sachez juste que le GI, au lieu d’aller faire le kakou chez docteur Maboul, il aurait mieux fait de se taper la fille avant de se casser dans les bois.
Ma note : 1.5/5 (1,5 parce que les zombies sont pas trop mal foutus)
Zombie Massacre 2 : Reich of the Dead (Canada / Italie – 2015)
Un film de Luca Boni et Marco Ristori
Scénario de Luca Boni et Marco Ristori
Production d’Uwe Böll
Musique de Gabriele Caselli
Maquillages spéciaux de Carolo Diamantini
Avec : Andrew Harwood Mills, Dan Van Husen, Aaron Stielstra, Ally McClelland, Michael Segal, Lucy Drive, David White.
100 mn.
Le film est disponible chez Amazon en import Blu-Ray chez Splendid Entertainment (Allemagne), avec une version anglaise et allemande (pas de sous-titres français). 31 juillet 2015. Prix 11,99€