Depuis cet événement mémorable que fut le bicentenaire de la révolution française, qui fut marqué en son temps par la sortie en salles d’un mémorable diptyque commandé par l’Etat français, cette période importante de l’Histoire de France a servi de thème à un grand nombre de documentaires qui, presque tous, témoignent d’une certaine évolution dans leur approche. La Révolution Française, documentaire britannique composé de deux parties de 52 minutes, produit en 2005 par le groupe History Channel, épouse cette nouvelle tendance qui est d’analyser les événements survenus entre 1789 et 1792 en faisant preuve d’une plus grande impartialité et en s’appuyant non pas sur l’ancienne propagande révolutionnaire mais sur des véritables recherches documentaires. Même si, on le sait, l’histoire est écrite par les vainqueurs, il en ressort des œuvres affichant des aspects moins partisans, moins manichéens, moins « républicains » (rayer les mentions inutiles). Cette démarche fut initiée (et de belle manière) par les luxueux films de Robert Enrico et Richard T. Heffron, où, non sans surprise, l’on découvrait le roi Louis XVI sous un visage plus nuancé que dans les ouvrages académiques. Depuis, l’on n’a cessé de creuser dans la boue de la Révolution pour y chercher d’autres vérités. Ce documentaire en deux parties s’en porte témoin.
Alors, certes, le travail de Doug Schultz n’est pas parfait. Son traitement manque parfois de précision et de clarté, notamment dans sa première partie, où l’influence des Lumières est un sujet mal maîtrisé (difficile de dire si cela est volontaire ou non), où le rôle de la bourgeoisie se voit occulté, tout comme celui, essentiel, de La Fayette, et où le récit emprunte quelques raccourcis narratifs bien pratiques. Néanmoins, le regard que porte le réalisateur britannique sur cette révolution française est intéressant sur plus d’un point. Celui qui m’a frappé le plus est la rudesse avec laquelle sont traités les principaux leaders jacobins. Si ce documentaire ne fait pas office de précurseur dans cette démarche qui se penche à « démystifier » les personnages de Robespierre et Marat pour les faire apparaître sous des visages nettement moins admirables, il va plus loin dans le démonstratif que bon nombre de productions françaises. La barbarie de la Terreur, la folie assassine des sans-culottes avaient jadis choqué la communauté internationale. Il semblerait que du côté de nos amis d’outre-Manche, le traumatisme soit encore vivace. L’effort de démystification est honorable, même si, parfois, le réalisateur tombe dans le piège de l’excès. Ainsi, pour ne citer que deux exemples, Doug Shultz nous rappelle, ou nous apprend, que la fameuse citation attribuée à Marie-Antoinette « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche » n’est qu’une légende et que l’assaut sur La Bastille allait à l’encontre de toutes les lois de la guerre (très codifiées à l’époque) et qu’il ne pouvait entraîner qu’incompréhension dans les esprits des défenseurs.
Au final, malgré ses imperfections et ses « oublis », La Révolution Française est un instrument pédagogique assez rafraîchissant, plutôt bien réalisé (avec un mélange de séquences de reconstitutions inédites et d’extraits de films), et doté d’une narration fluide et dynamique. Bref, un outil de vulgarisation digne d’intérêt, mais qui ne peut, en aucune manière, être appréhendé comme source unique de réflexion.
Ma cote : 3/5
La Révolution française (GB – 2005)
The French Révolution
Un documentaire de Doug Shultz
104’
Disponible en DVD chez Passion Découverte (19 novembre 2013)