En 1952, alors que l’Europe se remet lentement des malheurs causés par la folie d’Hitler, ses épigones nazis n’en ont pas encore fini de rêver à la gloire d’un nouveau Reich. En quête de toujours plus de puissance, dissimulés dans les différentes couches de la société ou construisant leur projet hégémonique dans leur base secrète, c’est donc tout naturellement qu’ils s’intéressent à la dernière découverte du célèbre professeur Baltimont ; le Zargon, un gaz permettant à l’homme de respirer dans n’importe quel milieu, dont le fond des océans…
Le sarcophage de Mykérinos est un hommage assumé à la BD franco-belge de l’après-guerre et plus particulièrement aux séries Blake et Mortimer (on pense à L’énigme de l’Atlantide) et Tintin – pour l’atmosphère générale. Tous les ingrédients de la bande dessinée d’aventure SF aux tendances vintage sont présents : un riche mégalomane manipulateur, le mythe de l’Ordre Noir avec ses inventions diaboliques et sa base secrète (qui, pour une fois, n’est pas en Antarctique), une cité uchronique engloutie, une intrigue à la Scoubidou et, bien entendu, un sympathique héros plein de ressources ! On découvre donc un scénario qui exploite avec affection tous ces éléments propres au genre mais qui, force est de le dire, par abondance de biens, accuse un manque de profondeur de d’originalité (il aurait peut-être fallu décliner l’œuvre en deux tomes). Heureusement, l’enthousiasme de Jean-Louis Aguila, alias Jal, se ressent à travers les cases, et au final, la lecture des 46 planches composant l’œuvre figure comme un bon moment de détente.
Au dessin, Jal se penche à coller au genre de la plus fidèle façon possible. Les personnages dégagent donc un air très familier pour ceux qui apprécient, par exemple, les travaux d’Hergé ou d’Edgar P. Jacobs. Il est d’ailleurs amusant de remarquer combien le héros, le professeur Baltimont, ressemble au colonel Olrik, le méchant de la série Blake et Mortimer. Plongeant au cœur de cette ligne claire, on peut noter que le trait est cependant un peu moins précis que dans la série précitée, avec parfois une petite tendance à pencher vers la simplicité de la ligne graphique chère au Journal de Spirou. La mise en couleurs de Véronique Gourdin, sage et précise, ajoute à cette impression de madeleine de Proust qui va réjouir les lecteurs quinquagénaires.
Franchement, cela serait vraiment chouette si Jal et les éditions Clair de Lune décidaient de continuer à nous conter les aventures de ce professeur Baltimont.
Ma note : 3.5/5
Les aventures du professeur Baltimont : le sarcophage de Mykérinos (Clair de lune / 2015)
Dessin et scénario de Jal
Couleurs de Véronique Gourdin
Parue aux éditions Clair de Lune (collection Petit Pierre & Ieiazel) –mai 2015
48 pages