2-5 etoiles

sparte t1

Une série de bande dessinée antique ayant pour auteurs des artistes connus pour avoir œuvré sur la saga Alix, cela ne pouvait me laisser indifférent. C’est principalement pour cette raison que j’ai, sans aucune hésitation et même avec un certain enthousiasme, investit dans Sparte, un triptyque édité par Le Lombard. Au final, sans totalement regretter mon achat, je sors un peu déçu de cette expérience de lecture.

Pourtant, ma première impression fut excellente. Fidèle à son style, qui mêle avec finesse classicisme graphique et mise en page moderne, Christophe Simon nous offre un joli panorama sur la Grèce antique et la ville de Sparte au deuxième siècle avant JC (alors que la cité a perdu sa puissance d’antan). Son travail visuel, aussi précis que lisible, épouse parfaitement et met en valeur les éléments historiques (voire pédagogiques) de l’œuvre pensée par Patrick Weber, à travers la visite d’une Sparte plus réaliste que fantasmée (comprenez que l’on est plus proche d’Alix que de 300). Pourtant, dés que l’on se penche plus sur le sujet, que l’on approfondit le regard pour passer derrière les joutes (martiales ou amoureuses) mettant en image des corps dénudés, on dénote un petit manque d’ambition, à travers la mise en scène des batailles – cadrées très serrées, elles manquent de force épique – et des cases aux arrières-plans parfois un peu trop vides. Rien de dramatique, mais bon…

sparte t2

La véritable faiblesse de Sparte se situe en fait dans son scénario. Si le récit démarre plutôt bien lors du premier tome, avec la mise en place d’une intrigue tendue mêlant drame familial et politique, cela se complique grandement par la suite. Dés le tome 2, Patrick Weber part rapidement dans tous les sens, enchaîne et entremêle une flopée de sous-intrigues impliquant des personnages aux profils et aux backgrounds à peine esquissés. Pour arriver à ses fins, le scénariste n’hésite pas (enfin, il y est presque obligé, contraintes de pagination obligent) à emprunter des raccourcis un peu trop faciles, générant quelques incohérences mais, surtout, empêchant l’histoire de décoller réellement. Sous-exploités, les héros ne sont pas attachants, et les méchants peinent à être détestables. Bref, à trop vouloir en faire, Patrick Weber s’est pris les pieds dans le tapis.

Le récit trouve plus de linéarité et de consistance lors du troisième tome, mais c’est trop tard, le mal est fait. Au fil des pages, les puristes apprécieront la petite «parenthèse pédagogique » sur l’éducation des jeunes spartiates, la place de la femme dans la société spartiate et la brutale politique d’eugénisme, alors que les amateurs « d’art grec » et de détails croustillants seront plus séduits par les nombreuses scènes de nudité (l’homosexualité n’est cependant pas citée, il faut dire qu’elle était moins générale à Sparte qu’à Athènes) au cours desquelles certains apprendront peut-être que l’épilation intégrale (effectuée à la cire brûlante! Ouch!) était déjà à la mode chez les femmes grecques (et romaines). Pour ce qui est de l’intrigue générale, le lecteur assiste à la mise en forme un brin poussive d’un dénouement (à la fin ouverte), qui se veut fort d’une révélation surprenante mais qui dégage plus des fragrances de pétard mouillé qu’autre chose. Je suis un peu sévère, certes car l’ensemble n’est pas déplaisant à lire, mais le tout manque sacrément de force et d’émotion.

sparte t3

Ma note : 2.5/5

SPARTE (Le Lombard / 2011-2015)
Scénario de Patrick Weber
Dessin de Christophe Simon
Couleurs de Christophe Simon (tome 1), Alexandre Carpentier (tomes 2 et 3), Ingrid de Vuyst (tome 2)
Série en trois tomes parues aux éditions du Lombard
Tome 1 : Ne jamais demandé grâce (août 2011)
Tome 2 : Ignorer toujours la douleur (juin 2013)
Tome 3 : Ne pas craindre la mort (mars 2015)

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