Gergovie, la victoire n’est pas une simple bande dessinée à thème historique. C’est le fuit d’une étroite collaboration entre une équipe d’artistes, des spécialistes de la période antique et des responsables du patrimoine chargé de la mise en valeur du site. Et force est de dire que cet effort collectif, réunissant des acteurs originaires d’horizons divers, transpire dans l’œuvre. En bien. Comme en moins réjouissant.Dans le registre de la pédagogie et de la vulgarisation, Gergovie, la victoire est une œuvre réjouissante. Le scénario de Silvio Luccisano et Jean-Louis Rodriguez, fiction plutôt bien ficelée construite sur des arguments historiques avérés, souvent fruits des toutes dernières recherches, est d’une honnêteté et d’un intérêt exemplaires. L’argumentaire des situations, tout comme les diverses discussions, sont appuyés par un très intéressant cahier historique de plusieurs pages qui clos l’ouvrage, et qui se révèle aussi passionnant que la bande dessinée. César et Vercingétorix apparaissent comme les acteurs d’un jeu d’échec à distance qui manœuvrent leurs pions en essayant d’anticiper le prochain coup de l’adversaire.

Par contre, et c’est une impression très personnelle, j’ai eu la sensation que l’inspiration du dessinateur a souffert des contraintes imposées par le sérieux du sujet. Le dessin de Christophe Ansar (pourtant à l’aise avec le genre – La dernière prophétie) m’a semblé manquer de naturel et peine en rythme. L’artiste appose un style qui évoque les grands classiques – comme celui de Martin – ce qui entraîne une certaine froideur dans le trait, c’est certain, mais quand Martin s’affirmait comme maître de son sujet, Christophe Ansar apparaît plus comme un gentil exécutant qui souffre de ne pouvoir exprimer pleinement son talent. J’ai eu l’impression que cela s’est ressenti dans sa créativité et dans son travail, avec quelques petits problèmes de proportions dans le rendu des personnages – notamment une planche où des légionnaires aux têtes disproportionnées évoquent une bande de hobbits armés. Dommage.

Si la période « guerre des Gaules » vous intéresse, je vous conseille chaudement l’achat de Gergovie. Fruit d’un travail collectif, l’album est un bien bel ouvrage historique qui pèche uniquement par un travail visuel peu enthousiasmant.

Gergovie, la victoire
Scénario : Silvio Luccisano et Jean-Louis Rodriguez
Dessin : Christophe Ansar
Couleur : Hugo Poupelin
Paru aux éditions Gallia Vetus (mai 2016)
58 pages (plus un cahier historique de 14 pages)

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