1961. La guerre froide. Un an après avoir acquis son indépendance, la république démocratique du Congo, ex Congo Belge, attire les convoitises des blocs communistes et occidentaux. Intrigues politiques, ingérences de la CIA et coup d’état entraînent le pays dans une situation politique très instable, d’autant plus que la Belgique n’a pas abandonné la partie. La situation devient chaotique quand le premier ministre en fonction, Patrice Lumumba, est assassiné, laissant la voix libre au président Mobutu, pantin des Etats-Unis. L’un des principaux enjeux de cette crise se trouve dans le contrôle des mines du Katanga, riches en cobalt et en uranium. Poussé par les responsables de l’Union Minières du Haut-Katanga, des colons exploitant les mines qui veulent conserver leur mainmise sur les exploitations, le vindicatif Moïse Tshombe déclare l’indépendance du Katanga. Défiant le monde (et la CIA !), le Katanga fait sécession et s’arme contre Mobutu, réunissant une armée de miliciens et de mercenaires (commandés par le futur célèbre Bob Denard, ancien sous-lieutenant de l’armée française).
Aux Nations-Unies, on s’alarme. Il est alors décidé d’y envoyer des contingents de « casques bleus », afin de faire « tampon » entre les différentes forces armées, le temps que l’ONU trouve – officiellement – une solution pacifique à la crise. Débarquent alors au Katanga des unités irlandaises qui vont devoir affronter l’hostilité des autochtones, des colons mais aussi des troupes de Tshombe, qui ne voient en ces « casques bleus » que les marionnettes des américains et de Mobutu. Le siège de Jadotville raconte l’histoire d’un groupe de ces soldats.
Débarquée sans réelle préparation dans une base rustique située près de la petite ville de Jadotville, la compagnie A du 35th Infantry Battalion irlandais du commandant Q.J. Quinlan va subir plusieurs jours durant l’assaut de plusieurs milliers de miliciens, de gendarmes katangais et des mercenaires. Jadotville, en gros, c’est Rorke’s Drift ou Camerone à la sauce irish stew.
Dans Le siège de Jadotville (titre original : The siege of Jadotville), film réalisé par Richie Smyth pour le compte de la chaîne Netflix, Guillaume Canet est un poireau incarnant un Roger Faulques (compagnon d’aventure de Bob Denard) sous Prozac ; Emmanuelle Seigner est une (jolie) endive qui essaie d’interpréter une riche veuve de colon ; le scénario emprunte plus de raccourcis qu’un coureur de cross-country sur un terrain non balisé et n’évite pas le cliché de l’humour bidasse ou de l’improbable acte héroïque. Pourtant, malgré tous ces reproches, j’ai passé un bon moment en matant ce film. Pour deux raisons.
Tout d’abord, les films traitant du sujet sont suffisamment rares pour ne pas faire la fine bouche. De plus, contrairement au Dernier train du Katanga ou aux Chiens de guerre, le film de Richie Smyth s’inspire d’un véritable fait de guerre. Evidemment, le réalisateur a pris quelques libertés avec l’Histoire, ou plutôt fait quelques petits arrangements à but dramatique, comme la séquence de l’hélicoptère Bull (il s’agissait en fait d’un Sikorsky) qui, dans le film, est abattu alors qu’en réalité, l’appareil était trop endommagé pour redécoller. Ou le coup de l’eau empoissonnée. En fait, l’eau n’était pas consommable car elle avait été transportée dans des jerrycans d’essence. Mais, dans l’ensemble, la chronologie des événements est respectée, on a même droit aux attaques du Fouga Magister (seul appareil de l’aviation katangaise !) et à la destruction de l’artillerie katangaise à coup de mortier de 60mm.
Deuxième raison de satisfaction : la réalisation, qui est assez spectaculaire sans user d’inutiles artifices. Richie Smyth, qui quitte ici le monde du clip pour celui du long métrage, fait son maximum pour rendre les combats réalistes, bien aidé par une photographie neutre et des comédiens qui jouent le jeu avec application (mention spéciale à Jamie Dorman, qui assure bien son rôle du commandant Quinlan). Une mise en scène académique et efficace qui renvoie au cinéma des années 60. A noter les attaques des Katangais, bien musclées, qui sont appuyés par une figuration nombreuses et bien dirigée.
Bref, du bon gros film de guerre traitant d’un épisode peu connu de l’histoire africaine.
Ma note : 3.5/5
Le siège de Jadotville (Irlande/ Afrique du Sud – 2016)
Titre original : The siege of Jadotville
Réalisation : Richie Smyth
Scénario : Kevin Brodbin, d’après un livre de Declan Power
Musique : Joseph Trapanese
Avec : Jamie Dornan (Pat Quinlan), Jason O’Mara (Sergent Prendergast), Mark Strong (Conor Cruise O’Brien), Emmanuelle Seigner (madame LaFontagne), Guillaume Canet (Roger Faulques), Sam Keeley (Bill « sniper » Ready)
108’