Pour cette nouvelle aventure qui, cette fois, met plus en avant le professeur Mortimer que son ami le capitaine Blake, le scénariste Yves Sente, assisté au dessin par le talentueux André Juillard (qui réussit une nouvelle fois, de manière magistrale, à reconstituer l’ambiance des premiers albums) nous invite à l’accompagner dans un jeu de pistes qui évoque, autant par le traitement que par le sujet, les enquêtes ésotériques de Robert Langton, héros des aventures de Dan Brown.
Loges maçonniques et protagonistes crapuleux influant dans une course contre-la-montre compliquée par une série énigmes à résoudre, on peut résumer en ces quelques mots le scénario du Testament de William S. Ici, au cours des 64 pages qui composent cet album, Yves Sente s’amuse à brasser tous les ingrédients (hormis la SF) qui font la couleur de la série Blake et Mortimer, tout en rajeunissant quelques portraits. Ainsi, si l’on retrouve bien présent le colonel Olrik, habituelle Némésis du duo d’enquêteur, Sarah Summerown, la tendre amie de Mortimer, se voit remplacée par sa fille, qui incarne un genre féminin plus émancipé et moderne.
Le testament de William S., dont le récit puise sa source sur une théorie mettant en cause l’existence réelle de Shakespeare (du moins en tant qu’auteur unique de l’ensemble de son œuvre), entraîne de manière élégante et efficace le lecteur dans un va-et-vient entre Londres à Venise, avec une intrigue qui se pose comme un intéressant voyage pédagogique et culturel. Le tout se fait néanmoins au détriment de l’atmosphère aventureuse et un brin SF si chère à Jacobs, un aspect qui, ajouté à la discrétion du capitaine Blake, peut décevoir les inconditionnels de la série, et qui fait que cet album ne fera pas l’unanimité parmi les fans.
A lire pour juger sur pièces.
Ma note : 3.5/5
Le testament de William S.
Scénario d’Yves Sente
Dessin d’André Juillard
D’après les personnages créés par Edgar P. Jacobs
Paru aux éditions Blake et Mortimer (novembre 2016)
64 pages