Le plus chiant dans les séries de bandes dessinées, c’est qu’il faut généralement attendre des plombes pour découvrir la suite d’une aventure qui nous passionne. Le laps de temps séparant deux albums est parfois si long qu’il est même indispensable de relire les opus précédemment parus pour raccrocher au fil de l’histoire. Un effort qui engendre parfois un certain découragement, qui s’amplifie avec l’accumulation des épisodes, et c’est principalement pour cette raison, moi qui m’acharne à suivre le rythme des parutions, que je préfère désormais les séries courtes et les ‘’one-shots’’. Heureusement, je ne suis pas infaillible. Du coup, régulièrement, il m’arrive (mais c’est plus en plus rare) d’apprendre l’existence d’une série sur le tard, une fois l’aventure bouclée. Une défaillance qui me permet de découvrir toute l’histoire en une seule traite. Comme celle d’Hindenburg, parue chez Bamboo entre 2013 et 2015.
Hindenburg, c’est une aventure fantastique en trois tomes se déroulant à la fin des années 30, à la veille de la seconde guerre mondiale. Comme l’on peut s’en douter à la lecture du titre, ce récit qui brasse des éléments historiques, fantastiques et ésotériques, est construit sur une intrigue exploitant les zones d’ombre entourant l’une des plus grandes catastrophes aériennes de l’histoire : l’incendie du zeppelin Hindenburg. Une catastrophe démontrant les failles de ces « plus légers que l’air » et qui va entraîner l’abandon progressif de ce moyen de transport aérien. A travers ces trois albums, les scénaristes Patrice Ordas et Patrick Cothias apportent une pierre au mythe de l’Hindenburg et imaginent une série d’événements qui vont faire de l’aéronef le théâtre d’une bataille décisive entre le Bien et le Mal.
Ordre Noir, expérimentations nazis, protagonistes spirites aux pouvoirs terrifiants, êtres ‘’sauveurs’’ élus, chamanisme… En fait, Hindenburg construit sa mythologie en utilisant des éléments communs, déjà présents dans bon nombre d’uchronies SS. Cependant, force est d’admettre que les scénaristes sont parvenus à recycler ces vieux ingrédients pulps pour composer une nouvelle recette, finalement réussie. Si le thème reste la lutte entre le Bien (les démocraties occidentales) et le Mal (les nazis), le récit évite le piège du manichéisme grossier avec la présence de personnages hors du commun (c’est le moins que l’on puisse dire) mais présentant de nombreuses failles rappelant leur caractère humain. On n’en attendait pas moins. Mais Hindenburg est fort d’autres qualités, comme son intrigue plutôt bien ficelée et riche en événements (à défaut de rebondissements), et une bonne homogénéité entre l’Histoire et le fantastique. Bref, suivre les tribulations de la journaliste Diane Hunter à travers le vieux continent des années 30 est loin d’être un supplice.
Au dessin, TieKo parvient sans difficulté à nous replonger dans l’atmosphère des années 30, au moyen d’un style classique, aussi efficace que lisible et agréable à l’œil. Grâce à ce bel ouvrage, Hindenburg ne manque pas de planches de qualité et riches en détails. Il est bien aidé dans sa tâche par la mise en couleur de Sandrine Cordurié, toujours aussi talentueuse.
Ma note : 3.5/5
Hindenburg
Scénario de Patrice Ordas et Patrick Cothias
Dessin de TieKo
Couleurs de Sandrine Cordurié
Série en trois parue aux éditions Bamboo, collection Grand Angle
Tome 1 : La menace du crépuscule (mars 2013)
Tome 2 : L’orgueil des lâches (mars 2014)
Tome 3 : La foudre d’Ahota (avril 2015)