Scénarisée par Philippe Richelle (Les coulisses du pouvoir, chez Casterman) et mis en image par le dessinateur transalpin Alfo Buscaglia (Nuisible, chez Glénat), la série Les mystères de la quatrième république nous invite à accompagner le commissaire Coste dans une série d’enquêtes qui l’amènent à découvrir les agissements criminels de diverses entités influentes, souvent issues de la Résistance ou de la Collaboration. Des découvertes qui mettent en danger sa carrière mais aussi sa vie et celle de ses proches.
Bien pensée et intelligemment dirigée, Les mystères de la quatrième république retient l’attention autant par la nature et le déroulement des enquêtes, à la fois crédibles et captivantes, que par une belle finesse dans le traitement des principaux protagonistes, qui affichent des personnalités complexes, non dénuées de failles. Ainsi, si le commissaire Coste force l’admiration par son obstination et ses capacités d’enquêteur, il n’est pas dénué de défaut. Il apparaît même parfois comme prétentieux et désagréable avec ses collaborateurs.
Plus que de « mystères », il s’agit ici d’affaires criminelles impliquant des personnalités politiques, des médias, et des mafias et se déroulant au sortir de la guerre. L’exploration « underground », ou l’histoire interdite, d’une France des années 50 qui désire faire table rase sur un passé honteux, celui de la collaboration et des exactions (qu’elles fussent commises par les nazis ou la FFI), avec des responsables (hommes politiques, hauts fonctionnaires, médias) qui voient d’un mauvais œil toute initiative pouvant faire resurgir de vieilles douleurs, ou mettre en cause des personnalités en phase de rédemption (qu’elle fusse sincère ou pas).
L’aspect réaliste de la série est entretenu par le coup de crayon d’Alfo Buscaglia, qui parvient avec talent à redonner vie à cette France d’après-guerre dans de belles reconstitutions de Marseille et de Paris. Le rendu des différentes scènes d’intérieur est également de très bonne facture. Par contre, j’ai eu un peu plus de mal avec les personnages, non pas par la présence de défauts, mais par un lissage dans les traits des protagonistes qui font que certains personnages secondaires ne sont pas identifiables au premier coup d’œil. Rien de grave, cela ralentit juste un peu la lecture.
Au final, Les mystères de la quatrième république, c’est cinq histoires passionnantes qui mêlent espionnage, banditisme et magouille politique, à travers des scénarii pleins de rebondissements, mettant en scène des personnages bien travaillés, évoluant dans une belle reconstitution de la France d’après-guerre.
A noter que Glénat BD édite également deux autres cycles, avec les mêmes auteurs: Les mystères de la troisième république et Les mystères de la cinquième république. J’ai tapé au milieu pour me faire une idée. Séduit, nul doute que je vais me lancer dans la lecture de ces deux autres cycles.
LES ALBUMS
Tome 1. Les résistants de Septembre (mai 2013)
Tome 2. Marseille la rouge (janvier 2014)
Tome 3. Le bel automne des collabos (janvier 2015)
Tome 4. La main rouge (mai 2016)
Tome 5. Opération résurrection (juin 2017)