LA GUERRE CIVILE ANGLAISE 1642-1649

En 1642, le fossé séparant le roi Charles 1ier et le Parlement devient un gouffre lorsque les partisans du roi violentent certains opposants parlementaires. La guerre est à ce moment inévitable, et le roi prend l’initiative en engageant les anciens mercenaires de la guerre de 30 ans dans ses rangs, de courageux gentilshommes très élégants, qui contrastaient grandement avec la classe puritaine et sobre des parlementaires, surnommés les Roundhead (les têtes rondes, car ils avaient les cheveux coupés très courts, contrairement à le mode de l’époque).

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En automne 1642, les deux armées s’affrontent à Edgehill. Les Royalistes montrent alors la supériorité de leur classe guerrière, rompue au combat, et menée par un comte palatin, Rupert, dit le prince Rupert. Mais le roi ne profite pas de sa victoire et se retire pour l’hiver. Cette trêve hivernale sera très utile aux Parlementaires, avec à la tête Oliver Cromwell, qui trouvent le soutien des Écossais. Ces derniers envahissent alors le nord de l’Angleterre. De son coté, Cromwell et ses partisans de la tranche la plus radicale (les Indépendants), commencent à entraîner personnellement un corps de cavalerie de volontaires. En juillet 1644, à Marston Moor, cette armée sortie de nulle part, nommée les Godpossessed Ironsides, bat les Royalistes, en faisant preuve d’une étonnante discipline. Avec la victoire, Cromwell obtient l’autorisation du Parlement de réformer l’armée des comtés pour une armée Nouveau Modèle, soldée et entraînée, qu’il pourrait diriger conjointement avec Fairfax.

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Charles 1er et Oliver Cromwell

A Naseby, en 1645, l’armée Nouveau Modèle écrase les Royalistes, s’empare de son parc d’artillerie et de ses bagages, fait 5000 prisonniers, et dés 1646, marche vers Londres. Charles 1ier essaye de trouver refuge chez ses proches, les Stuart d’Ecosse, mais ces derniers vendent le roi au Parlement.

Le parti modéré du Parlement décide alors de clôturer l’affaire, de destituer Charles 1ier et de dissoudre l’armée Nouveau Modèle. Cromwell refuse, attaque et s’empare de Londres en 1647. Profitant du désordre, Charles 1ier fuit sur l’île de Wright et monte une armée avec des alliés écossais. Mais cette armée écossaise est battue par Cromwell et Charles 1ier fait à nouveau prisonnier.

Le 30 janvier 1649, à Londres, Charles 1ier est décapité.  La nouvelle constitution, qui donne la part belle à la bourgeoisie, est créée.

EDGEHILL 1742

Première bataille majeure de la Guerre Civile Anglaise, Edgehill sera marqué par le constat de la supériorité des troupes Royales sur les Roundhead au début du conflit. Comme nous le savons, les choses changeront par la suite.

En août 1643, Charles 1ier, qui réside à Nottingham, est fermement décidé à marcher sur Londres. Il pense, probablement à raison, que le fait de prendre pied dans la capitale de la révolte pourrait forcer les Parlementaires les plus modérés à déposer les armes. Son armée quitte tout d’abord la ville début septembre pour Shrewsbury, ou il compte récupérer les renforts venus du Pays de Galles et de Cornouailles, ses principaux alliés avec les comtés du Nord. Puis, le 12 octobre, il estime enfin qu’il est prêt, et avec une force de 14 000 hommes, il prend la direction de Londres. De leur coté, les Parlementaires ne sont pas restés inactifs, notamment grâce au comte d’Essex qui a réuni une armée de bonne taille à Worcester, sur la route de Nottingham. Apprenant le départ du roi, il décide d’intercepter l’ennemi le plus loin possible de la capitale et il se dirige alors à la rencontre des Royalistes.

Les deux armées se rencontrent alors le dimanche 23 octobre, à Edgehill, un petit hameau entre Edgecote et Kineton.

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LA BATAILLE

Les Royalistes sont les premiers à arriver sur les lieux. Alors qu’il se déplace à la rencontre de l’ennemi, le prince Rupert remarque une bonne hauteur, la crête de Edgehill, et il propose à Charles 1ier cette position, la désignant comme l’endroit idéal pour adopter une attitude défensive. Charles 1ier se rallie à l’avis du prince, un condottiere vétéran de la Guerre de Trente Ans, et fait déployer ses forces de manière classique sur la crête. Il prend la direction de l’infanterie au centre et confie l’aile gauche de cavalerie à Sir Jacob Astley et l’aile droite, composée également de cavalerie, au prince Rupert. Il est environ  9 heures lorsque le comte d’Essex arrive sur les lieux, il déploie alors ses troupes en bataille dans la plaine, prenant le commandement de la forte infanterie, avec Balfour, et la disposant au centre, encadrée de chaque coté par les maigres contingents de cavalerie de Sir James Ramsey (en face de Rupert) et Lord Fielding (en face de Astley). Cependant, il juge la position Royaliste imprenable et il n’attaque pas.

Vers 15 heures, Charles 1ier est convaincu que Essex n’attaquera pas. Il ordonne alors l’attaque générale et ses troupes commencent à descendre de la colline. En quelques minutes, la cavalerie Royaliste met en déroute et poursuit la cavalerie Parlementaire qui fuit vers Kineton, à 5 kilomètres de là.

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Artillerie royaliste à Edgehill

Les deux blocs d’infanterie s’approchent alors l’un de l’autre, mais avant même d’être à portée de mousquets, le centre de la ligne parlementaire se débande, menaçant de faire écrouler tout le système. Essex réagit bien et comble rapidement le trou en envoyant sa petite brigade de cavalerie de réserve puis il fait resserrer les rangs des régiments Balfour et Strapleton. La cavalerie Parlementaire de réserve charge alors la ligne Royaliste qui réagit en se mettant en formation hérisson. Abandonnant cette proie trop difficile, les cavaliers fondent alors sur les canons pour s’en emparer, mais voyant cela, un officier sauve les pièces en faisant détruire les attelages.

Dépitée, la  cavalerie parlementaire retourne vers les lignes d’infanterie, ou les Royalistes, en raison de leur formation en hérisson très exposée au feu des mousquets des Roundheads, subissent énormément de pertes, et commencent à reculer, en bon ordre.

C’est à ce moment que la cavalerie Royaliste revient de sa poursuite et se place à bonne distance des combats. Cette présence inquiète cependant Essex qui ne fait pas continuer l’effort de son infanterie trop loin, et il permet aux  hérissons de se replacer en formation sur la crête. Avec la nuit, Essex, jugeant qu’il n’a plus aucune chance de remporter la victoire face à une cavalerie trop nombreuse et une position désavantageuse, décide de se retirer, abandonnant 1 500 à 2 000 morts et blessés sur le terrain. Le Roi ne saisit alors pas l’occasion de détruire l’armée d’Essex. Il tergiverse,  perd l’initiative, et laisse échapper sa chance.

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NASEBY 1745

Au début de l’année 1645, on assiste à une amélioration de la situation du roi Charles 1ier grâce aux déconvenues qu’ont subies les Parlementaires durant la fin de l’année précédente. En effet, les victoires du Royaliste Montrose en Ecosse et les deux défaites Parlementaires en Angleterre (Skippon à Lostwithiel et Waller à Second Newbury) ont créé un état de crise parmi les leaders ‘’roundhead’’ et entraînés un affaiblissement de leurs capacités.

Le premier parlementaire à réagir est Oliver Cromwell qui parvient à convaincre les autres responsables de la nécessité de créer un corps d’armée plus aguerri, permanent, et soldé directement par le Parlement. C’est la naissance de l’armée Nouveau Modèle (New Model Army), qui a cette époque est composée de 12 régiments d’infanterie, 11 de cavalerie et un de dragons. Le commandement de cette force est confié à sir Thomas Fairfax, alors que Cromwell hérite de la responsabilité de diriger la cavalerie avec le grade de Major Général.

Début juin 1645, l’armée Nouveau Modèle se met en campagne et met à mal les forces séparées du prince Rupert, du prince Maurice et de Goring, notamment grâce à son excellente cavalerie dirigée de main de maître par Cromwell. Les généraux Royalistes ont beau avertir Charles 1ier de la gravité de la situation, celui-ci ne réagit guère et se prélasse dans les ruines de son château d’Oxford, ils sont carrément obligés de se rendre sur place pour lui faire part de l’importance du raid parlementaire. Charles 1ier décide alors de quitter Oxford  pour se rendre à Daventry afin d’y récupérer des renforts, aussi lorsque Fairfax arrive au château pour y mettre le siège, l’armée du roi n’y est plus.

Fairfax reçoit alors l’ordre de poursuivre l’armée royale installée à Daventry. Le général profite de l’inactivité de l’armée ennemie pour la rattraper et il la rejoint alors qu’elle vient de quitter la cité, à environ 15 kilomètres. Malgré les réticences du prince Rupert, Charles 1ier sait qu’il est maintenant trop tard pour s’échapper devant la rapide cavalerie parlementaire, et le Conseil Royal décide de livrer bataille, dans une plaine ou est avantageusement installée l’armée de Fairfax, prêt du village de Naseby.

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LA BATAILLE

Vers 10.00 heures, les deux armées se mettent en ligne de bataille dans la plaine dite de Broad Moor. Les Parlementaires ont l’avantage du nombre mais aussi une meilleure position car ils sont installés sur une crête. Ce sont les Royalistes qui attaquent les premiers ; l’aile droite de cavalerie du prince Rupert et l’infanterie d’Astley avancent vers les lignes ennemies. La cavalerie de Rupert, toujours aussi efficace, charge violemment et met en déroute l’aile gauche de Ireton, mais le général n’arrive alors pas à retenir les impétueux cavaliers qui continuent leur route à la poursuite des fuyards ou en direction des bagages, quittant le champ de bataille.

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Charles 1er et Rupert à Naseby

Pendant ce temps, au centre, les fantassins de Astley tentent une charge sur les lignes du général Skippon, mais mal préparée, la tentative échoue et les deux lignes s’engagent dans une violente mêlée. Avec l’aide de Fairfax et des débris de la cavalerie d’Ireton, Skippon parvient à stabiliser le centre, donnant à Cromwell l’opportunité de passer à l’attaque. Ce dernier n’hésite pas une seconde et malgré un terrain fort pentu et accidenté, il ordonne à son aile de charger la cavalerie de Langdale, qui est complètement écrasée et qui part en déroute. A ce moment, Cromwell, contrairement à Rupert, arrive à maîtriser sa cavalerie pour l’empêcher de poursuivre, la fait tourner vers la gauche et tomber sur l’arrière du centre ennemi. Prise en tenaille, l’infanterie Royaliste est massacrée et de nombreux nobles tombent sur le champ de bataille ou sont sommairement exécutés lors de leur reddition.

Pour Charles 1ier, la défaite est dramatique car il perd la seule armée qui soit capable de mener victorieusement la guerre. Le manque de discipline de ses gentilshommes aura causé sa perte.