The Last Kingdom est une série dramatique qui a pour socle l’histoire d’Alfred le Grand. Considéré par les Britanniques comme le fondateur de leur nation, Alfred le Grand a œuvré toute sa vie pour évangéliser la Bretagne, réunir sous la même autorité (la sienne, bien entendu) la mosaïque d’états qui composait alors les îles britanniques, et repousser les incursions vikings. L’histoire d’Alfred le Grand nous est connu via une seule source, la biographie de l’évêque gallois Asser, qui fut également son conseiller. L’homme saint nous apprend qu’Alfred le Grand, roi du Essex, ne parvint que partiellement à remplir sa tache, mais que son règne marqua un tournant important dans l’histoire des îles.
The Last Kingdom est une série tirée de la saga écrite par Bernard Cornwell. S’il n’est pas négligé (bien au contraire), Alfred le Grand n’en est pas le personnage principal. Le héros de la saga s’appelle Uthred, un guerrier viking à la destinée extraordinaire, car saxon, adopté par les danes, puis tour à tour homme-lige d’Alfred, seigneur déchu, esclave, etc. Bref, le bel Uthred traverse mille épreuves, souffre mille maux mais s’en sort toujours, et il ne conserve aucune cicatrice de ses épreuves. Dis comme cela, c’est vrai que cela peut prêter à sourire.
La série a souffert, dans un premier temps, de sa comparaison avec Vikings. Même époque (les Ages Sombres), même esthétisme (les univers vikings et saxons), enjeux assez similaires (pouvoir, vengeance, politique, etc). Cependant, le rythme est plus lent, le mélo plus présent, des personnages moins marquants et un peu trop propres sur eux, la présence féminine plus anecdotique, la réalisation plus pudique. Pourtant, au fil des épisodes, on s’attache. La série finit par se démarquer de son illustre aînée, BBC, producteur du show, ayant bien compris qu’il devait envisager une autre approche, faute de quoi la série se retrouverait cantonnée à un statut de sous-Vikings. Aussi, les showrunners ont, à l’occasion de la saison 2, orienté leur choix vers un contexte plus réaliste et historique. On se retrouve alors séduit par un environnement historique crédible, face à des enjeux politiques qui deviennent même plus complexes que ceux de Vikings. La lutte pour le contrôle de la Bretagne devient le point central de l’intrigue, Uthred se retrouve réduit à un rôle de pion sur l’échiquier politique qu’est cette Grande-Bretagne en pleine mutation. The Last Kingdom vaut pour la qualité des ses seconds rôles, ses costumes, ses décors, son attachement à restituer l’atmosphère du Ixème siècle, et son absence de manichéisme. Quand au chamanisme celtique, s’il est encore parfois présent, il se fait plus discret.
On finit par suivre avec plaisir, et même avec passion, les (mes)aventures d’Uthred, et cela malgré quelques séquences un peu vaines (le comble quand on sait qu’une saison ne réunit que 8 épisodes) et d’autres portant à sourire (l’amour de Beocca et de Thyra, sœur d’Uthred). Le charisme de certains acteurs, comme Tobias Santelman (Grenseland), qui incarne Ragnar le Jeune, frère d’Uthred, ou Eva Birthisle (Strike Back) dans on rôle de la sainte Hild, amie du héros, porte la série. On s’amuse du comportement d’Uthred, païen inflexible, choquant par ses actes barbares un entourage se christianisant, tout comme on apprécie le jeu de comédiens très talentueux et expérimentés. Dommage que la version française ne leur rende pas hommage. Enfin, la série se fait de plus en plus spectaculaire… et plus sanglante. On apprécie. En attendant de voir ce que nous réserve la saison 3, actuellement en production.
THE LAST KINGDOM (2015-2017)
Série en production. Deux saisons de huit épisodes disponibles
Une série créée par Stephen Butchard
D’après la série de roman de Bernard Cornwell
Avec : Alexander Dreymon (Uthred), Ian Hart (Beocca), David Dawson (Alfred le Grand), Eliza Butterworth (Aelswith), Harry McEntire (Aethelwold), Simon Kunz (Odda), Emily Cox (Brida), Tobias Santelmann (Ragnar le Jeune), Eva Birthisle (Hild)
Une production BBC
Diffusé en France sur Netflix