LA MONARCHIE DE JUILLET : PRÉSENTATION

Le 29 juillet 1830, sur la terrasse de l’Hôtel de Ville, amené et embrassé par La Fayette, le général de la Garde Nationale, Louis-Philippe d’Orléans, duc de Valois, était hissé au statut d’héritier du trône, avant d’être proclamé roi des Français le 9 août de la même année, sous le  titre de Louis-Philippe 1er.  Débutait alors un règne que les historiens désignent sous le nom de Monarchie de juillet. Dix-sept années durant lesquels le roi et son gouvernement consacrèrent une grande partie de leurs efforts à acquérir puis asseoir une légitimité. Car, pour le reste de l’Europe, l’héritier légitime restait Henri d’Artois, duc de bordeaux, le petit-fils de Charles X. Un Bourbon. Aux yeux de nations comme la Russie, la Prusse et la Grande-Bretagne (c’était moins le cas pour l’Autriche), la France était une monarchie constitutionnelle illégitime, créée par un coup d’état et gouvernée par une assemblée de vulgaires bourgeois libéraux.

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Isolé diplomatiquement, Louis-Philippe 1er fit alors son possible (et il se démontra souvent volontaire et capable) pour séduire ces grandes puissances et user d’un pouvoir de médiation. Ses efforts semblèrent aboutir en 1843, avec la visite au château d’Eu de la reine Victoria. Visite qui donna naissance à une Entente cordiale. A ce moment, Louis-Philippe 1er crut avoir acquis une reconnaissance définitive, mais de nouveaux désaccords entre la France et la Grande-Bretagne (sur, notamment, les affaires d’Espagne et du pacha d’Egypte) démontrèrent que cette Entente Cordiale n’était qu’un plâtre sur une chambre de bois. A cela s’ajoutait la volonté de la Grande-Bretagne de limiter l’influence coloniale de l’empire français, alors que Louis-Philippe entendait y jouer un rôle majeur. L’Algérie et Tahiti amplifièrent la tension franco-britannique.

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Louis-Philippe eut également de gros défi à relever en politique intérieure. Il réussit, après des années d’efforts et d’intrigues, à asseoir son autorité sur le Parlement mais son règne fut jalonné par une série de crises, politiques, économiques et sociales (et quelques tentatives d’assassinat). Le début de la Monarchie de Juillet fut marquée par une série d’insurrections ouvrières (la dernière eut lieu en 1839), principalement parce que cette ‘’monarchie bourgeoise’’ eut le plus grand mal à vivre la révolution industrielle. Durant cette période, la France prit un retard considérable dans son industrialisation, surtout si on la compare à l’Angleterre (c’était également le cas sous Charles X). Un handicap qui avait de grosses conséquences sur la balance de son commerce extérieur, entraînant une politique protectionniste inadaptée et ruineuse. D’autres problèmes entravaient la bonne marche du régime, comme le combat farouche que se livraient l’Eglise et l’Université ; un Parlement et une Chambre des Pairs instables (partagés entre légitimistes, républicains, bonapartistes et radicaux socialistes), soupçonnés de corruption, et soumis à l’ingérence du roi. Au final, pour chaque gouvernement, de Lafitte à Guizot, il était difficile de mener une politique à son terme. Enfin, des événements aussi peu prévisibles que dramatiques (la maladie de la pomme de terre, des hivers très rigoureux entraînant des disettes…) aggravèrent régulièrement la situation. En 1848, trahi par les bourgeois qui l’avaient amené sur le trône, ces mêmes bourgeois qui, désormais, pensaient que le roi ne méritait pas que leur sang soit versé, le pacifique Louis-Philippe 1er, victime d’une révolution parisienne, abandonné de tous (hormis deux légions de la Garde qui lui restèrent fidèles), abdiquait.

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Mais tout ne fut pas noir dans la Monarchie de Juillet. Loin de là, et on peut trouver dans la politique éclairée de Napoléon III, à la condition de le vouloir, l’inspiration de ce régime. Il y eut de grandes avancées sociales, notamment dans le cadre de la protection des enfants (lois sur la scolarité et le travail des enfants). En 1831, ce fut l’interdiction de la traite et le début du processus d’abolition de l’esclavage (signée définitivement le 27 avril 1848, trois mois après la chute du régime). Enfin, ce régime traduit la tentative (certes peu réussie) de mettre en place un vrai régime monarchique et constitutionnel, fédérant toutes les idéologies politiques de la période (ce centrisme rêvé par La Fayette). Autant d’efforts menés par un roi finalement courageux et tenace (comme le qualifie Charléty) et une génération de politiciens impliqués (Barrot, Lamartine), de vrais orateurs (Thiers, De Broglie), de réformateurs inspirés (Tocqueville, Montalembert). Tous ces hommes qui, malgré de fréquents et violents orages parlementaires, firent adopter quelques réformes positives et démocratiques, notamment les lois sur le suffrage.

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Louis-Philippe 1er, royaliste et républicain, conscient de son isolement, se devait de mener une politique extérieure aussi rassurante que pacifiste tout en tentant de redorer le blason de l’empire colonial. Cela le mit souvent dans une situation inconfortable. Là encore, bien qu’il dû accepter quelques humiliations, il fit preuve d’une belle force de caractère mais aussi d’une certaine malice. En fait, Louis-Philippe 1er et ses chefs de gouvernement successifs eurent la malchance d’être les contemporains de lord Palmerston,  ce ministre britannique, grand spécialiste des affaires étrangères, et détestant la France. Un homme de grande perfidie, extrêmement doué, d’une grande rapidité d’esprit, qui voua sa carrière à diminuer l’influence française en Europe et dans les colonies.

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LES OPÉRATIONS MILITAIRES DE LA MONARCHIE DE JUILLET

La Monarchie de Juillet mena, dans la mesure du possible, une politique de non-intervention. Cependant, elle dut parfois, pour conserver son statut de grande puissance, ‘’jouer les gros bras’’ devant le parterre européen.

LA RÉVOLUTION BELGE (1830-1831)

La première intervention européenne de l’armée de Louis-Philippe 1er survint durant la révolution belge. Le 25 aout 1830, les Belges, libéraux et catholiques, se révoltaient contre la couronne hollandaise. Le 4 octobre, la Belgique proclamait son indépendance. Le nouveau Congrès proposa la couronne de Belgique à La Fayette, ce qui sema le trouble même si le Héros des deux mondes refusa la charge. Le roi des Pays-Bas fit appel à ses deux alliés du congrès de Vienne ; la Prusse et la Russie, qui levèrent leurs armées. L’Europe était au seuil du chaos. Talleyrand engagea alors des pourparlers avec l’Angleterre, et convainquit Wellington d’organiser une conférence en vue de régler le problème. Réunis, les puissances décidèrent de l’indépendance de la Belgique, mais avec le prince d’Orange (fils du roi des Pays-Bas) comme roi. Mais le Congrès de Belgique refusa, privilégiant de plus une monarchie constitutionnelle ‘’à la française’’, et proposa le trône au duc de Nemours. Son père, Louis-Philippe 1er, conscient que cela entraînerait son pays dans la guerre, refusa. Sous le gouvernement Casimir-Perier s’engagèrent alors de pénibles négociations diplomatiques qui amenèrent au Congrès un nouveau candidat, Léopold de Saxe-Cobourg, le beau-frère du duc de Kent, élu le 4 juin 1831. Mais, Guillaume 1er, le roi des Pays-Bas n’accepta pas cette décision et lança le 2 août la campagne des 10 jours. Durant ce mois d’aout, ses armées rencontrèrent et battirent par deux fois les milices belges.

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Louis-Philippe 1er, fort alors de son bon droit, sachant que l’Angleterre ne bougerait pas, ordonna à l’armée du Nord d’entrer en Belgique. Apprenant l’arrivée des troupes françaises, le roi des Pays-Bas fit évacuer ses troupes de toutes ses positions en Belgique, à l’exception de la citadelle d’Anvers. On se remit autour de la table des négociations, les Belges satisfirent à quelques exigences (la perte d’une grande partie du Luxembourg) et un traité fut signé. Il fallut cependant attendre l’évacuation d’Anvers par les troupes hollandaises en décembre 1832, assiégés par l’armée du Nord du maréchal Gérard, pour que le calme revienne définitivement en Belgique.

Il fallut cependant attendre l’acceptation par les Belges, en 1839, des délibérations de la conférence du 11 décembre 1838 (la perte du Luxembourg en échange de compensations financières) pour que soit réglé définitivement le problème belge.

LES INSURRECTIONS ITALIENNES (1830-1832)

Depuis 1830, les vents de la liberté soufflaient sur l’Italie rendant la situation au sud de l’Europe très instable. Mais jusqu’alors, Louis-Philippe, peu soutenu, n’avait osé lever la voix, refusant d’écouter les Libéraux et le parti anti-Autrichien. Il s’était contenté de louvoyer, avec talent, à travers divers échanges diplomatiques apaisants. Mais, le 3 février 1831, à Modène, éclatait une nouvelle insurrection. La révolte se répandit comme un feu de paille. D’abord Parme, puis Bologne, et les Etats du Pape (à l’exception de Rome). Apeuré, le pape Grégoire XVI fit alors appel aux Autrichiens. Le 21 mars, l’armée italienne entrait une première fois dans Bologne. A Paris, l’intervention autrichienne dans les Etats du Pape ne pouvait être tolérée sans voir la France décrédibilisée aux yeux de l’Europe.

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La situation devint explosive. La France, représentée par le gouvernement Casimir-Perier, sans donner raison aux Insurgés, accusa l’Autriche d’ingérence et menaça d’intervenir militairement. En signe d’apaisement, Metternich, alors premier ministre autrichien, accepta alors d’évacuer son armée de Bologne et d’Ancône, pour se replier sur Modène. Soulagés de la pression autrichienne, les Libéraux italiens reprirent leurs actions, mettant la pression sur l’armée pontificale du cardinal Albani tant et si bien que le 28 janvier 1832, à sa demande, les Autrichiens rentrèrent dans Bologne. Louis-Philippe 1er réagit immédiatement. Le 7 février, une escadre levait l’ancre, avec à son bord deux bataillons d’infanterie et une compagnie d’artillerie. Le 23 février, les Français investissaient Ancône malgré le refus du pape, à la grande joie des révolutionnaires italiens.   Le 17 avril, un compromis fut trouvé et Grégoire XVI accepta (de mauvaise grâce) que les Français occupent Ancône, « établissant un statut-quo. La guerre n’éclata pas. Casimir-Perier mourut du choléra le 16 mai 1832.

En octobre 1838, Metternich ordonnait l’évacuation de Bologne. En accord avec la convention du 16 avril 1832, les Français acceptaient alors de quitter Ancône, non sans avoir auparavant attendu la demande du pape.

LES AFFAIRES D’ORIENT (1832-1839)

Plus complexes étaient les affaires d’Orient. Depuis 1831, Mehemet Ali, le puissant pacha d’Egypte, conquérant de la Nubie, fondateur de Khartoum, était entré en guerre ouverte avec le pacha de Syrie. Un an plus tard, le fils de Mehemet Ali s’emparait se Saint-Jean d’Acre, forçant le sultan Mahmoud II à demander l’assistance de la France, de l’Angleterre, de la Russie et de l’Autriche pour calmer son pacha et rétablir l’ordre. En France, cela posa un gros problème. En effet, les Français étaient très liés à Mehemet Ali, avec qui ils avaient établi de nombreux partenariats. L’armée du pacha d’Egypte était entraînée par des officiers instructeurs français, la flotte égyptienne armée par des ingénieurs français, qui étaient également en charge des travaux publics. Bref, Mehemet Ali était un ami sincère de la France.

La Russie répondit sans délai à la demande du sultan. Ils voyaient là, bien entendu, un moyen de s’attacher ce voisin souvent bien gênant. Ils bénéficiaient de l’indifférence autrichienne, Metternich ayant à ce moment fort à faire avec les révolutionnaires allemands. Les Anglais, eux, se méfiaient autant des Russes que des Français. Louis-Philippe 1er et le gouvernement de Broglie (remplaçant de Casimir-Perier) entamèrent alors une série de manœuvres diplomatiques confuses ayant pour but d’assurer Mehemet Ali de leur amitié tout en caressant le sultan Mahmoud dans le sens du poil, afin de le détourner de la Russie.

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Le 21 décembre 1832, à Konya, en Turquie, l’armée égyptienne d’Ibrahim Pacha, bien encadrée par des officiers français (dont le colonel Sève, alias Soliman Pacha), écrasait une armée ottomane pourtant largement supérieure en nombre (plus de 80,000 homme est 100 canons contre seulement 15,000 hommes et 40 canons). Le grand vizir Mehmet rechid Pacha était fait prisonnier. Mehemet Ali prenait le contrôle de l’Asie Mineure. Paniqué, le sultan se tourna vers le Tsar, qui mobilisa sa flotte. Cinq mille soldats russes débarquèrent sur la côte asiatique du Bosphore. La France, par l’intermédiaire de l’amiral Roussin, menaça tout en essayant de trouver un compromis. Cette fois-ci, elle bénéficiait du soutien de l’Autriche et de la Grande-Bretagne, qui voyaient dans l’intervention terrestre russe un danger pour l’équilibre de la région. Les discussions amenèrent la signature de deux traités (Koutaieh et Unkiar-Skelessi). Mehemet Ali se voyait offert la Syrie, les Russes se retirèrent.

Cependant, le 21 avril 1839, l’armée ottomane envahissait la Syrie, réenclenchant les hostilités. Le 24 juin, les Turcs, commandés par Hafiz Pacha, étaient sèchement battus par les Égyptiens à Nézib. Une défaite turque qui coïncidait avec la mort du sultan Mahmoud II. La France profita de cette disparition pour tenter de convaincre son fils et successeur, Abdülmecid 1er, de s’éloigner de l’influence du tsar. La Porte, durant deux ans, devint l’enjeu d’un affrontement diplomatique entre les cinq grandes puissances qu’étaient la France, la Prusse, l’Autriche, l’Angleterre et la Russie. Dans cette lutte, la France, seule amie de Méhémet Ali, se retrouvait isolée. Pour Louis-Philippe 1er et le gouvernement Thiers, la situation devenait compliquée. La France devait-elle entrer en guerre pour sauver Méhémet Ali et défendre ses intérêts en Orient ?

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Secrètement, le gouvernement Thiers encouragea la Porte et Méhémet Ali à négocier une paix séparée. Mais Palmerston, qui craignait de voir tomber la Syrie sous l’influence de la France, s’évertuait à faire échouer ces tentatives. Les quatre grandes puissances prirent parti pour le sultan et menacèrent la France de la mettre au ban des nations. En France, l’opinion publique prit très mal ces menaces. On fit appel aux armes. Le prince d’Orléans, le roi, se sentirent insultés. Thiers appela les classes de 1836 à 1839 et ordonna la fortification de Paris. La 14 août, une escadre britannique bloquait la ville de Beyrouth, sommant l’armée égyptienne de quitter la ville. Alors que Walewski, l’ambassadeur français, entamait des transactions, Napier, commandant la flotte anglaise entama le bombardement de Beyrouth alors que La Porte annonçait la déchéance du pacha. Pour la France, ce fut une gave défaite diplomatique.

LA CONQUETE DE L’ALGERIE (1830-1846)

Le 14 juin 1830, sur les ordres de Charles X, un important corps expéditionnaire français (60,000 soldats et marins, 453 navires, 83 pièces de siège), commandé par le comte de Bourmont, avait débarqué à Sidi Ferruch pour entamer le siège d’Alger. La ville tombait le 5 juillet après de violents combats contre les troupes du dey d’Alger.

Le 2 septembre, le maréchal Clauzel débarquait à Alger, porteur des consignes du nouveau gouvernement. L’ordre de Louis-Philippe était de s’emparer des places littorales de Mers-el-Kébir, Oran et Bône. Dans le même temps, il nomma aux postes de beys du Titteri, de Constantine et d’Oran des beys tunisiens, en échange de leur soutien militaire. Mais, cernés de tribus insoumises et hostiles, les beys n’accomplirent pas leur mission et en février 1831, au départ de Clauzel, la France ne contrôlait réellement que la place d’Alger.

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Fin 1831, le duc de Rovigo, réussissait à établir des camps retranchés autour d’Alger, réoccuper Bône et réprimer quelques révoltes dans la région. Entre 1832 et 1833, les Français, sous le commandement de Voirol, reprirent possession des villes d’Oran, Arzeu et Mostaganem. Mais l’intérieur des terres restaient sous le contrôle des tribus et d’un nouveau chef, Abd el-Kader, émir des tribus Hachem, Gharaba et Beni Amer, qui avait proclamé la guerre sainte.

En 1833, le général Desmichels, commandant de la place d’Oran, décida d’entamer des négociations avec l’insaisissable Abd el-Kader, pour le reconnaître avec le titre de bey, en échange d’un tribu. La France ne contrôlant réellement, avec seulement 26,000 hommes, qu’Alger (et un rayon de 10 kilomètres à ses alentours), Oran et Bône, elle voyait là un moyen de se ‘’payer’’ un allié utile. Débuta alors une sorte de ‘’collaboration’’ de fait entre la politique coloniale française et Abd el-Kader, qui profita de cet accord pour se lancer dans des actions contre ses principaux rivaux. Mais l’émir, prenant de l’importance, ne pouvait se contenter de ce statut quo.

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En avril 1835, Abd el-Kader franchit le Chélif et obtenait la soumission de certaines tribus d’Alger et du Tritteri. Les tribus réfractaires, Douairs et Smelas, demandèrent alors la protection de la France à Trézel, chef de la place d’Oran. Trézel libéra les chefs des tribus Douairs et Smelas, déclara ces deux tribus comme étant sous la protection de l’empire français et marcha sur Mascara. Le 28 juin 1835, dans le défilé de la Macta, la colonne de Trézel, trop faible (moins de 5,000 hommes) se débanda sous l’attaque des 15,000 hommes de l’émir, laissant sur le terrain 300 hommes et tout son matériel.

Désavoué par Paris, Drouet d’Erlon était rappelé en métropole pour être remplacé par Clauzel. Le nouveau gouverneur était accompagné du duc d’Orléans (commandant une division de cavalerie), qui ne rêvait que de redorer le blason de la France. Le 27 novembre, une colonne se mit en marche sur Mascara. Le 3 décembre, Abd el-Kader attaquait la colonne sur le défilé de l’Habra. La réaction française fut immédiate et efficace. Appuyé par l’artillerie, les troupes françaises forcèrent les lignes arabes à la baïonnette et mirent en déroute l’ennemi. Le 6 décembre, les Français entraient dans Mascara, pillaient et incendiaient la ville, avant de rentrer sur Mostaganem. Dès les Français partis, Abd el-Kader réoccupa Mascara et recommença les razzias, notamment sur Tlemcen, où résidait une tribu hostile, les Koulouglis de ben Ismaïl. Cela demanda une nouvelle intervention de Clauzel qui avec seulement trois brigades (environ 7,500 hommes) réussit à pacifier Tlemcen, non sans avoir failli capturer l’émir.

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Chassé de Tlemcen, Abd el-Kader entreprit, avec succès, de lever les kabyles de la Tafna, et d’harceler les troupes françaises qui assuraient la liaison entre Oran et Tlemcen.  D’Oran, Clauzel, qui avait laissé le commandement de Tlemcen au capitaine Cavignac, entreprit de nombreuses et fructueuses expéditions de pacification. Le 2 mars 1836, le général Rappatel matait les Hadjoutes de la région d’Alger alors que, dans le même temps, le gouverneur en personne ravitaillait le bey du Titteri et pacifiait Médéah, dans l’Atlas.

Le 25 avril 1836, à Sidi Yacoub, les Français du général d’Arlanges, cernés par les fidèles d’Abd el-Kader et d’el-Bouhmidi subirent un revers d’envergure. Des renforts, commandés par Bugeaud, furent envoyés de France. Le 6 juillet, lors du combat de l’oued-Sickach, le corps expéditionnaire écrasait l’infanterie de l’émir. En décembre, Clauzel échoua dans sa tentative de reprise de Constantine, capitale du bey Ahmed révolté, perdant 3,000 hommes dans l’entreprise. Le 12 février 1837, Clauzel était rappelé à Paris, sans avoir réellement rempli sa mission.

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Damrémont, le nouveau gouverneur, arrivait en Algérie avec comme consigne le contrôle des périphéries d’Oran, Alger et Bône et de laisser le reste à la charge des chefs locaux. Le 30 mai 1837, Bugeaud et Abd el-Kader signaient le traité de la Tafna qui donnait à l’émir tous les territoires qu’il souhaitait (à l’exception des villes précitées et de Constantine) en échange d’une reconnaissance de la souveraineté française. Un traité très avantageux pour Abd el-Kader, qui lui laissait le temps de s’organiser pour se lancer dans une autre guerre et qui isolait totalement les places tenues par les Français. Le 1er octobre, une colonne de 10,000 hommes, commandée par Damrémond, quittait Bône pour faire entendre raison au bey de Constantine. L’assaut fut  sur la ville fut donné le 6 octobre. Bien que Damrémond fut tué lors de la préparation d’artillerie (il fut remplacé par le maréchal Valée), les Français, menés par Lamoricière, se jetèrent dans une brèche et, après un violent combat de rue, s’emparèrent de la place. Le bey parvenait à s’enfuir, accompagné de sa cavalerie.

La paix dura deux années. En 1839, Abd el-Kaber viola les termes du traité et installa des troupes dans la province de Constantine, menaçant les colons français et coupant la ligne de communication entre la ville et Oran. La France se devait de réagir. Ce qu’elle fit en octobre. En quinze jours, les colonnes de Valée et du duc d’Orléans parcoururent et dégagèrent la route séparant Constantine d’Alger et notamment le défilé des Portes de Fer, pour entrer en libérateurs dans Alger. Le 18 novembre,  Abd el-Kader déclarait la guerre à la France et lançait ses troupes (cavaliers Hadjoutes et de ben Salem) à l’assaut de la Mitidja. La région fut mise à feu et à sang.

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La pacification française fut entamée, sous les ordres de Valée, qui disposait désormais de 60,000 hommes, à partir de mars 1840. Harcèlement par un ennemi qui disparaissait comme il était apparu, maladie, ennui, minaient la santé et le moral des troupes françaises. Le 28 décembre, Thiers, arrivé au pouvoir, rappelait Valée pour le remplacer par Bugeaud. Dés son arrivée, Bugeaud changea de stratégie. Terminé les postes statiques et les garnisons, place aux colonnes qui a partir de bases reconquises, comme Mascara (ou s’établit la division de Lamoricière), s’enfonceraient dans les régions pour couper les ravitaillements ennemis, tout en vivant sur le terrain, à partir de saisis dans les tribus rebelles et de razzias. Afin d’éviter l’ennui et la démoralisation des hommes, Bugeaud supprima les trêves hivernales. La méthode fonctionna. Les unes après les autres, les tribus, étouffées par les privations, se soumirent, isolant de plus en plus Abd el-Kaber, qui fuit avec sa smala. La campagne tourna en une chasse à l’homme. En 1844, après avoir échappé de justesse à sa capture par le jeune Henri d’Orléans, duc d’Aumale (le cinquième fils de Louis-Philippe 1er) et perdu sa smala à Taguin (16 mai 1843), Abd el-Kader se réfugie au Maroc.

Au Maroc, Abd el-Kader prêcha la guerre sainte et parvint à se rallier quelques tribus. Le 30 mai 1844, les partisans marocains d’Abd el-Kader attaquent Lamoricière à Lalla-Maghnia. Malgré les avertissements britanniques, les Français entrent au Maroc. Le 1er août, l’escadre du prince de Joinville bombarde Tanger. Le 14 aout, la colonne de Bugeaud, forte de 10,000 hommes, écrase la cavalerie marocaine (forte de 25,000 à 40,000 hommes, suivant les sources) à la bataille d’Isly, sur la frontière maroco-algérienne.  Alors que l’on croyait l’affaire classée, un an plus tard, Abd el-Kader et ses partisans entraient en  Algérie.  Le 23 septembre, à Sidi-Brahim, le lieutenant-colonel Lucien de Montagnac et 540 hommes (chasseurs à pied et hussards), tombèrent sur Abd el-Kaber et plus de 3,000 partisans. Après trois jours de combat acharnés et l’héroïsme d’une compagnie de carabiniers, seuls 11 survivants parvinrent à regagner leurs lignes. Montagnac, lui, fut décapité, sa tête envoyée au roi du Maroc. Cinq jours plus tard, près d’Aïn-Témouchent, une colonne de 200 hommes est capturée. Les prisonniers furent envoyés au Maroc et exécutés le 25 avril 1846.

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La réponse de Bugeaud fut rapide et implacable. Quatorze colonnes parcoururent le pays. Le 6 février 1846, Abd el-Kader fut battu au col de Beno-Aïcha et contraint à un retour au Maroc. Il continua à effectuer des razzias à partir de ses bases marocaines, mais son influence commençait à s’épuiser. Le 5 juin 1847, Bugeaud quittait l’Algérie pour être remplacé par le duc d’Aumale. Le 23 octobre de la même année, aux environs de Sidi-Brahim, Abd el-Kader, abandonné par ses soutiens, se rendait à Lamoricière. En 1847, même si quelques résistances existaient encore ici et là (notamment en Kabylie), l’Algérie entrait réellement dans l’empire français.

LES AFFAIRES DE TAHITI (1836-1847)

En 1836, des missionnaires catholiques français arrivèrent à Tahiti. Ils furent repoussés par le missionnaire officiel britannique, Pritchard, avec le soutien de la reine Pomaré. Deux ans plus tard, une escadre française arrivait à Tahiti. Son commandant, Dupetit-Thouars, signait alors un traité avec Pomaré faisant des Français de résidents privilégiés. Cependant, dès le départ de la flotte , la reine changeait d’avis et se rapprochait de Pritchard. En 1839, l’arrivée d’une nouvelle flotte française forçait Pomaré à reconnaitre la liberté de culte et, en 1840, Pritchard était rappelé à Londres. Mais, sur l’île, les accrochages entre Français et Anglais ne cessèrent pas. En 1843, Pritchard retournait à Tahiti pour y dresser le drapeau britannique, ce qui entraina une nouvelle intervention de Dupetit-Thouars. L’insurrection menée par Pritchard tourna court. Le 8 mars 1844, il était expulsé de l’île et la reine Pomaré destituée. En 1847, l’île fut officiellement établie comme un protectorat français.

LA REFORME DE L’ARMEE

LES CONSEQUENCES DE LA REFORME DE GOUVION SAINT-CYR

Durant la Monarchie de Juillet, en dehors de quelques démonstrations de force sans conséquences, l’armée n’eut à remplir que deux grandes missions : le maintien de l’ordre et la répression des insurrections en soutien de la garde nationale et les actions dans les colonies, essentiellement en Algérie.

En 1818, Gouvion Saint-Cyr réformait l’armée, notamment le système de conscription, qui se voulait moins contraignant et plus égalitaire. Ainsi, désormais, les soldats étaient recrutés par enrôlement volontaire, la conscription par tirage au sort devant compenser les manques. Cela ne fonctionna guère car les volontaires manquaient et, dans les faits, toute l’armée était construite sur la conscription. Mais un but était atteint. Celui de l’économie. En effet, l’armée ne comptait plus que 240,000 hommes, soit un enrôlement de seulement 40,000 hommes par an (le service durait six ans). Autre changement important, les nobles n’étaient plus systématiquement engagés comme officiers. Comme le souligna plus tard à regret le général Trochu, il s’agissait d’une armée faite pour la paix.

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Il faut dire qu’en 1818, l’Europe entière était fatiguée de la guerre et les efforts de la Restauration tendaient vers un renforcement de la sécurité intérieure, et une politique extérieure rassurante et peu belliciste. Mais, avec l’accession au trône d’un Orléaniste, peu apprécié de ses partenaires européens, il devint évident qu’il fallait renforcer l’armée. Sous les soubresauts libéraux initiés en France, l’Europe s’agitait, et les regards accusateurs des Puissances, notamment ceux de l’Angleterre et de la Russie, se tournaient vers ce gouvernement de ‘’pushistes’’ et vers leur roi illégitime. En 1832 l’on pensa à réformer l’armée quand survinrent les premiers désaccords entre l’Autriche et la France de Casimir-Perier concernant le règlement du problème italien (une Italie agitée par des mouvements libéraux et qui était au bord de la guerre civile). La réforme ne se fit pas sans difficulté, avec de longues joutes au Parlement, qui s’achevèrent par une loi proposée par le maréchal Soult, qui était une sorte de compromis entre les deux partis opposés, libéraux et légitimistes. A partir de cette date, le recrutement se ferait toujours sur conscription, mais, s’il le souhaitait le conscrit pouvait se trouver un remplaçant. L’état ne s’en mêlait pas, l’essentiel était de maintenir les effectifs à leur niveau normal, qui était revu à la hausse. Pour ce qui était des officiers, s’ils étaient toujours choisis au sein de la noblesse, ces grades étaient désormais accessibles aux hommes du rang qui s’étaient distingués par leur bravoure et leurs actes.

En 1834, suite à des crises parlementaires, Soult démissionna et il fut remplacé par le maréchal Gérard, qui démissionna également quelques mois plus tard. Sous le ministère De Broglie, entre 1834 et 1836, un nombre de lois libérales furent votées, et certaines concernaient même l’armée. Les commissions d’officiers passèrent du statut de charges remises aux hommes pour services rendus ou en récompense de leur qualité militaire, à celui de titre de propriété qui ne pouvaient plus être retiré, sauf en cas de faute grave. Ce changement idéologique, auquel  il faut ajouter le mécontentement de nombre d’officiers de bonne famille, qui depuis la Restauration, attendait de briller au combat et regrettait le pacifisme de Louis-Philippe 1er, amena un grand nombre de démissions (et encouragea la corruption).

Comme l’aristocratie, déçue de la politique commerciale de Louis-Philippe 1er, s’éloignait de l’armée, cela ouvrit la porte à des hommes de classes sociales plus modestes, qui voyaient là l’occasion de faire fortune. On assista donc à un abaissement progressif de la position des officiers dans la hiérarchie sociale. De plus, les commissions d’officiers n’étaient plus perçues comme des honneurs reçus et des devoirs envers le pays et le roi, mais comme un moyen d’ascension sociale et financière. Ces nouveaux officiers furent cependant déçus, car de la gloire, des honneurs et de la solde, il ne restait plus que le troisième élément qui, finalement, n’était pas aussi avantageux qu’ils le pensaient. Ils se rendirent vite compte que leurs soldes étaient bien inférieures aux revenus de l’épicier du coin.

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De nombreux officiers de cette nouvelle génération, ne voyant aucune perspective d’avancement par la guerre, se mirent à essayer de s’enrichir en s’approchant des puissants. En effet, leurs revenus dépendaient entièrement du bon vouloir des politiques et des proches du roi. Les officiers les moins vertueux se lancèrent dans des luttes d’intrigues pour obtenir les nominations les plus avantageuses, quitte à faire œuvre de servilité, au détriment des autres, ceux qui avaient encore dans l’esprit un code d’honneur et qui devaient se contenter de commandements mineurs, en Algérie principalement.

L’ARMEMENT

Entre 1830 et 1848, il y eut peu d’évolution dans le domaine militaire. La doctrine restait napoléonienne. Dans le domaine technique, les améliorations concernèrent essentiellement les fusils. En France, contrairement à la Prusse qui s’équipa en masse avec un fusil à chargement par la culasse (le Dreyse, en 1840), on continua à privilégier la fiabilité (le Dreyse était en effet très fragile) avec des fusils à chargement par la bouche.

Au début de la monarchie de juillet, le fusil standard était le fusil à âme lisse, à silex, modèle 1822. Cette arme rustique fut remplacée en 1841 par le 1822 T, à percussion, ce qui améliora grandement la fiabilité de l’arme. En 1842, ce fusil céda la place au modèle 1842, à âme rayée, ce qui augmenta la précision. Ces nouveaux modèles rayés bénéficiaient de l’invention du capitaine Delvine : la balle ‘’cylindroconique’’. L’explosion de la charge dilatait la base de la balle contre le rayage, ce qui réglait le problème d’adéquation entre la balle et le canon (la bille Minié est une évolution de la balle ‘’cylindroconique’’ du capitaine Delvigne). Le mousqueton de cavalerie suivit la même évolution. A noter que l’on retrouvait ce modèle 1842 T, très fiable et précis, bien des années plus tard, dans différents conflits, au sein d’armée étrangères. Avec l’évolution du fusil, l’engagement à la baïonnette céda progressivement la place au tir et au feu roulant.

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Côté artillerie, depuis 1827, le système Valée avait remplacé le système Gribeauval. L’objectif était de simplifier le système des calibres et d’optimiser la mobilité. Pour ce faire, on mit au point une véritable artillerie montée, les pièces étant montées sur des trains à suspension. En 1830, le modèle de base était la pièce de 12 livres (parfois 8 livres), regroupée par batterie de 4 à 8 pièces. Les pièces de campagne restaient de modèle Gribeauval, alors que les obusiers eurent leurs canons un peu allongés. Les pièces de montagne, transportables à dos de mulet, étaient des obusiers de 12cm. Les pièces de siège, comme celles utilisées en Algérie et en Belgique, étaient des canons de 24 livres et des obusiers de 22cm. Toutes ces pièces étaient lisses (le premier prototype de canon rayé est l’œuvre du Piémontais Cavalli, en 1845).

LES UNITES

L’armée de la Monarchie de Juillet rassemblait des unités de cavalerie et d’infanterie qui évoquaient celles de la Grande Armée napoléoniennes. Au sein de la cavalerie, on retrouvait des régiments de cuirassiers, de carabiniers de chasseurs à cheval, de dragons, de lanciers et de hussards. Dans l’armée d’Afrique furent levés de nouveaux régiments :

– Les Spahis, ou Zouaves à cheval (création du corps en aout 1830, définitivement organisé en trois régiments – Alger, Oran et Constantine – par l’ordonnance royale du 21 juillet 1845). Ces unités de cavalerie composées en partie de volontaires (du moins, dans les premiers temps) furent créées par Clauzel pour combler les manques, suite au rappel en métropole, en juillet 1830, d’une partie du corps expéditionnaire.

– Les 4 régiments des chasseurs d’Afrique furent créés en novembre 1831. Ces unités de cavalerie sont issues de la fusion des unités de chasseurs algériens (escadrons de cavalerie indigène), des trois escadrons de chasseurs à cheval métropolitains et de volontaires métropolitains. Ils furent très utiles pour contrer la guerre mobile imposée par les stratégies d’Abd el-Kader.

Pour ce qui était de l’infanterie, les divisions étaient principalement composées d’infanterie de ligne (fusiliers, voltigeurs et grenadiers) et de chasseurs à pied (infanterie légère). Dans l’armée d’Afrique, on créa les régiments de légion étrangère (1831), les Zouaves (1830) et les tirailleurs indigènes (1841). En France, les Gardes Nationaux (qui se démontrèrent peu fiables) et les Gardes Municipaux (très attachés au roi)  étaient chargées des opérations de police et de maintien de l’ordre (forces contre-insurrectionnelles).

La légion étrangère fut créée par ordonnance royale le 10 mars 1831 afin de permettre à des volontaires étrangers d’intégrer l’armée française. Les trois bataillons eurent pour première fonction de renforcer l’armée française en Algérie. Deux autres bataillons furent ajoutés en 1840. A noter qu’entre 1835 et 1839, la légion étrangère, sous les ordres du colonel Bernelle, fut ‘’louée’’ à la reine Isabelle II à l’occasion de la guerre civile espagnole, dite guerre carliste.

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Les 500 premiers zouaves furent levés en aout 1830, à partir des janissaires qui servaient la régence d’Alger. En octobre, Clauzel élargit le corps à deux bataillons en y intégrant des volontaires ayant combattu durant la révolution grecque. En 1835, en raison d’un manque de volontaires, les français résidant à Alger furent admissibles, puis, le 8 septembre 1841, ce fut au tour des métropolitains. Les autochtones, eux, furent versés dans les nouvelles unités de tirailleurs indigènes (les futurs turcos).

Les uniformes s’inspiraient également des modèles Premier Empire, en version simplifiée. La cavalerie, comme les hussards, adoptaient quelques fantaisies (notamment dans leurs versions ‘’grande tenue’’) mais, dans l’ensemble, la tendance était au pratique et à l’uniformité.

Les aquarelles composant l’oeuvre ‘’Uniformes militaires sous Louis-Philippe 1830-1848’’(2 tomes, Bibliothèque Nationale) sont une extraordinaire source d’informations uniformologiques sur la période. Toutes les illustrations qui figurent dans ce billet sont tirés de ces ouvrages.

Bibliographie sélective :

Histoire de la Monarchie de Juillet (Sébastien Charlety)

Louis-Philippe, le dernier roi des Français (Arnaud Teyssier)

Louis-Philippe (Guy Antonetti)

La conquête de l’Algérie (Jules Maze)

La conquête de l’Algérie (Pierre Montagnon)