s’il y a un mythe qui reste aujourd’hui encore bien ancré dans la mémoire collective occidentale, c’est celui qui est lié à l’Ordre Noir et à ses unités militaires, les waffen-SS. En effet, une grande partie de l’opinion publique lui attribue toujours un statut privilégié, en voyant dans les groupes de combat SS et les organisations nazis des entités à la haute valeur combative, résultante d’un fanatisme idéologique et d’une formation de qualité. Pourtant, force est de dire que ce mythe, construit à la fois par une propagande nazi efficace, des Alliés cherchant à mettre en évidence des “ennemis à la hauteur’’ et un cinéma holywoodien en quête de ‘’bad guys’’, a depuis été déconstruit de nombreuses fois par les historiens. Certaines unités de la waffen-SS étaient même qualitativement inférieures au régiments de la Wermacht. Mais cette imagerie martiale, construite à base de combattants fanatiques et suréquipés, perdure. c’est peut-être pour cette raison que Guerres & Histoire, pour son numéro 43, remet les couverts de la démystification, avec un dossier spécial intitulé ‘’le mythe de la waffen-SS’’.
Un dossier utile, fort de d’une vingtaine de pages, et abordant divers thèmes à travers cinq articles alliant argumentation et objectivité. On y trouve ainsi une étude portant sur la valeur effective des différentes unités de la waffen-SS (par Roman Töppel) mais aussi un sujet sur les crimes de guerre commis par les SS et les Totenkoft, qui étaient souvent les mêmes individus, comme nous le démontre Jean Lopez. Très intéressant également, l’article de Jean Lopez sur les outils de communication et de propagande nazis mis en place par Himmler. L’image du soldat SS, invincible, irréductible et impitoyable, qui perdure aujourdhui, et qui est autant haïe que, hélas, admirée, tend à prouver que le travail a été bien fait.
A coté de ce dossier figurent également quelques articles dignes d’interet. Le plus surprenant est certainement celui sur Ariel Sharon, personnage haut en couleur, certes, mais très controversé. Habile, Martin van Creveld esquive toute polémique avec un traitement neutre, axé sur les faits. Frederic Bey nous entraine sur son terrain de jeu favori, l’antiquité, pour nous parler des peltastes, ces unités légères de l’armée grecque qui, au fil du temps, jouèrent un rôle de plus en plus important dans les batailles de la période. J’ai aussi bien apprécié le comparatif entre deux célèbres aéroplanes de la grande guerre, le Spad XIII et le Fokker D.VII, établi par Pierre Grumberg. Un exposé enrichissant (pour ce qui me concerne, tout du moins), qui témoigne de deux doctrines inustrielles bien différentes (celles de la France et de l’Allemagne), fort de nombreuses illustrations qui ne manqueront pas de séduire le maquettiste. Enfin, avec la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier (28 juillet 1488), David Fiasson nous dévoile les événements qui ont entraîné le rattachement du duché de Bretagne au royaume de France.
A noter que c’est le témoignage d’Alexandre Kochman, ‘’ingénieur agronome’’ soviétique durant la guerre du Viêtnam, qui fait le sujet de l’Interview Exclusive. Ce vétéran nous raconte son temps de service comme responsable d’une station de défense anti-aérienne. Enfin, le reportage photo habituel (Caméra au Poing) est consacré à la guerre de Sibérie (1918-1920), les litographies remplacent ici les traditionnelles photographies.