Sosso, alias Koba, alias Iossif Djougachvili, alias Josef Staline…
Premier épisode d’une série consacrée à la vie de Josef Staline, cette bande dessinée d’Arnaud Delalande, Hubert Prolongeau et Eric Liberge nous dévoile l’enfance du dictateur communiste ainsi que ses débuts remarqués dans la mouvance bolchévique. Tout d’abord, une enfance difficile, marquée par la violence d’un père alcoolique, puis vint la maladie, les accidents, les brimades d’une éducation religieuse et les humiliations de la ségrégation sociale. Raconté par Staline lui même, Arnaud Delalande (Aliénor, la légende noire, Surcouf…) et Hubert Prolongeau (la série Cagliostro), les scénaristes, ayant fait le choix de la “fausse vraie biographie”” (la nuit est tombée sur Moscou, et Staline, prêtre illuminé, dicte son histoire à un secrétaire terrifié, fixant sa machine à taper), le récit met en scène un jeune homme au corps brisé et vérolé, affectivement déstabilisé, ayant trouvé une résilience dans une révolte matinée de folie. Un récit très dur où l’on prend conscience des circonstances qui ont modelé le profil psychologique du jeune Staline et qui l’ont entraîné sur un chemin pavé de violence et de haine.
Au moyen d’un scénario excellemment mené, accrocheur au possible, le duo de scénariste nous fait entrer dans l’esprit de Stallne, pour découvrir les démons qui s’y dissimulent. Ces démons qui, durant toute sa vie, font l’amener à prendre de terribles décisions, souvent inhumaines et criminelles. Delalande et Prolongeau n’excusent en rien le comportement de celui qui sera responsable de la mort de millions d’innocents, il se contente d’expliquer, d’exposer. Libre ensuite au lecteur de se construire sa propre opinion sur des éventuelles circonstances atténuantes.
Au dessin et la couleur, Eric Liberge (Le Suaire, L’art du crime…) . Son travail, par son rendu réaliste, sa belle dynamique, à la fois dans la mise en case et dans le coup de crayon, et un visuel très démonstratif, amène une dimension dramatique, quasi horrifique, à une impression de ‘’fin du monde’’ à un récit doté d’une atmosphère déjà bien sombre.
Un premier opus très intéressant, que j’ai lu avec grand plaisir. La suite se nomme Koba.
LA JEUNESSE DE STALINE – 1. Sosso
Scénario d’Arnaud Delalande et Hubert Prolongeau
Dessin et couleur d’Eric Liberge
Parue aux editions Les Arènes BD (janvier 2017)
72 pages – 17€